ぺるちえ覚書

兎追いしかの山… 懐かしい古里の思い出や家族のこと、日々の感想を、和文と仏文で綴ります。

Cadeau

2022-12-06 13:15:00 | écrit français

Le magasin était rempli d’une odeur particulière, une senteur de fleur d’oranger ou d’eucalyptus qu’elle trouva artificielle. L’odeur n’était pas désagréable mais elle ne l’aimait pas spécialement car elle préférait respirer celle des végétaux vivants, comme le parfum de la forêt tropicale. Elle était si familière avec les véritables odeurs qu’elle avait du mal avec cette senteur “bidouillée”. Maître d’Ikebana par son métier, c’est-à-dire enseignante de l’art floral traditionnel du Japon, elle avait l’habitude d’aller au marché de Rungis pour acheter des plantes de saison pour ses cours, quelques fois à la recherche de fleurs rares, de branches de cerisier ou de pêcher en fleurs, etc.


Elle était loin de chez elle. Elle était entrée par hasard dans cette boutique qui était sur son chemin, en espérant trouver un cadeau pour sa mère qu’elle n’avait pas vue depuis trois ans, depuis la mort de son père. Noël approchait. Peut-être un pull chaud ou une écharpe? Quelle idée banale! Elle savait que sa mère n'avait besoin de rien, elle avait déjà tout. 


Des tee-shirts imprimés, des poupées pour bébé, des figurines un peu bizarres, un arbre tournant qui exposait des porte-clefs… pas grand chose d'intéressant dans la première salle. Elle avança vers le fond du magasin. L’espace rétrécissait de plus en plus, encombré d’armoires et d’étagères remplies d’objets qui avaient l’air abandonnés. 


Elle s’arrêta devant une étagère pleine de bouteilles de différentes formes et couleurs. Grandes ou petites, grosses ou longues, bleues, rouges, vertes, jaunes, marrons, oranges, violettes… chacune contenait un liquide de couleur différente. Elle chercha des indications sur ces produits, mais en vain, il n’y avait pas de vendeur dans la salle non plus. Étrange. À côté de l’étagère, elle trouva une armoire-vitrine avec des pierres et des cristaux. Une boule de cristal rose pâle attira ses yeux. La salle était très mal éclairée, presque dans la pénombre. Pour bien la voir, elle s’en approcha et la regarda intensément.


Tout à coup, elle entendit un énorme bruit de vagues et la lumière éclatante du soleil éblouit ses yeux. Le soleil? Elle voyait la mer de Shônan où sa grand-mère avait sa maison. Puis, la senteur des fleurs de glycine l’envahit comme si elle était sous la magnifique tonnelle mauve et verte parfumée de son jardin. C’était le premier terrain de jeux de sa plus tendre enfance. C’était aussi la maison où sa mère avait grandi. 


Elle prit dans sa main la boule de cristal rose pâle. Elle tenait parfaitement dans la paume de ses mains. Elle était chaude, vibrante. C'était le cadeau qu’elle cherchait pour sa mère. 



L’Union des Terrien/ne/s (LUT) - Créons ensemble, un autre monde !

2022-04-22 07:35:32 | écrit français
Chers Français et Françaises,

Quand je suis arrivée en France, vous m’avez accueillie à bras ouvert. Vous m’avez offert les formations culturelle et professionnelle en me donnant l’accès aux meilleurs établissements. C’était la France sociale, généreuse, fraternelle, remplie d’amour pour l’humanité. La liberté et la dignité, les droits fondamentaux étaient des évidences dans votre pays à ce moment-là. Vous étiez confiants en votre avenir et dans celui de l’Europe unie. Grâce à vous, je suis devenue française d’adoption, européenne et citoyenne du monde.

Pourtant, où en sommes-nous aujourd’hui? Il me semble que la situation de notre société se dégrade d'année en année : les problèmes écologiques non résolus, l’injustice sociale persistante, les attaques terroristes, le mouvement des gilets jaunes, la pandémie de la Covid et maintenant la guerre qui revient sur le continent européen. La liberté et les droits fondamentaux sont transgressés. La France est divisée et affaiblie. Les temps ont tristement changé.

Mais, nous ne devons pas rester désespérés, car un autre monde est possible !

Nous sommes tous les Terrien/ne/s
Pour que nous puissions vivre autrement, nous avons créé l’Union des Terrien/ne/s. Rejoignez-nous ! Transformons ensemble le système d’aujourd’hui qui est à bout de souffle. Nous apporterons un changement fondamental qui sera essentiel pour notre avenir.
  
Notre philosophie : Symbiose
Nous choisissons de vivre ensemble en mettant fin au système de dominant-dominé et à la croissance économique à l’infini. Nous restituons la dignité à tous les êtres sur Terre, tant aux hommes qu’aux femmes, tant aux animaux qu’aux végétaux. La symbiose est notre mot-clé. Ayons l’esprit d’être bénéfique mutuellement et agissons pour vivre ensemble. Respectons toutes les divergences qu’elles soient culturelles, raciales, de sexes ou génétiques, car la diversité est notre richesse-même. L’union étroite et harmonieuse de tous les êtres est la seule voie de survie pour notre planète.

Nos projets
-Rétablissons l’économie de proximité, les productions locales et l’autonomie alimentaire. 
-Réduisons les destructions et la pollution de l’environnement, ainsi que l’émission de CO2 liée à la production de masse et au transport longue distance.
-Renforçons la bioéthique afin de protéger l’héritage génétique et la dignité de chacun.
-Relançons la recherche pour l’énergie libre et renouvelable.
-Réorganisons les soins et les services publics pour tous.
-Offrons l’accès à la culture et aux sports pour tous.
-Réinventons le droit à l'éducation et à la formation tout au long de la vie.

Réunissons toutes les compétences pour œuvrer de concert au bien commun !


*Ceci est la profession de foi d'un nouveau parti politique imaginaire que j'ai inventé pour mes cours de français.

Bien à vous

四万温泉

2022-04-13 20:30:00 | 思い出
り〜ん
り〜〜〜ん

のき先に吊るした風鈴が涼しげな音をたてている。今日は風があるから過ごしやすくなりそう。布団に寝っころかったまま大きく開けた障子窓の向こうの空を眺める。お日さまはもうすっかり上って晴れた空が白く霞むように眩しい。また目をつむって窓から入る風の匂いを嗅ぐ。祖父母と過ごす夏休みはゆうるりと心地よい。

おはあようございまあす
失礼しまあす

抑揚をつけた挨拶で番頭さんが布団を上げに入ってくる。祖母が、ひと組敷いたままにしておいて、と頼む。風呂から上がってまたゴロンと転がれるのがいい。座敷の隅にひと組残して部屋の真ん中に卓が整えられると、着物姿の中居さんが朝ごはんを運んでくる。ちょっとした焼き魚か煮魚に付け合わせ、白いご飯と汁ものにお新香。祖母がお茶を淹れてくれる。長逗留だから食事はお仕着せでなく、食べたいものを少しだけ言う。年寄りはそんなに食べないし。夕食も中居さんが朝のうちに注文を取っておき、料理長に伝える。

今夜は何がいい?石首魚の甘露煮にしようか?

たむらの品書きの中にある祖母の好物のひとつ、石首魚の甘露煮は甘あっからく煮付けてあって白いご飯とよく合う。箸で突ついて身をほぐしながら食べていくと、魚の頭から石が出てくる。だからイシモチ。後にも先にもたむらでしか食べたことがないご馳走。

うん!

祖父は朝ご飯の前にひと風呂浴びに行っている。ここではお湯に浸かることと、ご飯を食べること以外の予定はないから。お風呂に飽きたら午後はぷらぷら散歩がてら、祖父の気が向けば釣り堀に連れて行ってもらうか、畑の横の豚小屋を覗きに行くか、そうでなければ祖母と一緒に温泉街に出てスマートボールに興じるか。たむらは賑やかな街並みから少し離れた奥まった坂の上にあった。茅葺き屋根の大きな玄関が歴史を感じさせる、四万温泉でいちばん古い旅館だった。川沿いを下って橋を渡った所にあるグランドホテルは姉妹店。叔母たちが来るとバンドの入るグランドホテルに食事がてら演奏を聴きに行くこともあった。地元の子供達が楽しげに泳ぐ、川底に大小の石がごろごろと透き通って見えるひんやりとした清流に足を浸して遊ぶのも、お守りのできる叔母たちが来た時だけの楽しみだった。浅瀬とは言え雨の後には流れもずいぶん早くなるし、足元の悪い川辺に行くのは祖父母には無理だった。

祖父と釣り堀まで行く途中の道だったか、まったりと湿った土の香る畦道を踏みしめて、夏の青空と日差しに照らされ青々と輝く野菜畑の上に、モンシロチョウがひらひらと舞う横を通り抜けると、その先に大きな豚小屋があった。怖いもの見たさで自分の背丈より高い木の塀の隙間に目を貼り付け、おそるおそる中を覗き込む。囲いの中には泥まみれの淡いピンクの大きな大きな豚たちがブヒブヒ何頭も並んで寝そべっていた。

たむらにはお風呂がいっぱい何種類もあった。一番好きなのは小人(コビト)の湯。祖母と一緒にコビト風呂に行くのはいつも楽しみだった。浴場の大きな湯船の横に、木製の壁と扉で仕切られた小さな部屋がいくつも作り付けてあって、その一つ一つが蒸し風呂になっていた。大人の背丈より低い小さな扉を開けて、身を屈めてモワモワと湯気の立つサウナのような小さな部屋に入るのは一際わくわくした。

ゆっくりお湯に浸かって美味しいご飯をいただくとよい感じに眠くなってゴロン、お昼寝。夕食までの一休みと祖父母は部屋で寛いでいることも多かった。そんな時は部屋で絵を描いて過ごしたり、祖父の友人もたむらに逗留していたから、時には一人で館内のお使いに出されることもあった。本館や新館やいくつもの大浴場が繋がって、大きな旅館はまるで迷路のようだった。

ちょっとお使いに行っておいで
これを多賀之丞さんのところに持って行ってちょうだい

祖父母が泊まる部屋はいつも同じ、本館の次の間のある奥の角部屋。祖母から包みを持たされて、ちょっと離れた新館に逗留している祖父の旧知の歌舞伎役者、多賀之丞さんのお部屋までお使い物を届けに行かなくてはならない。前に何度か一緒に連れて行かれたから、道順はなんとなく覚えている。きっと大丈夫。たぶん行けると思う。。。

はい、行ってきます

不安を隠して包みを受け取ると、館内履きの子供用スリッパをつっかけて出掛ける。部屋を出て廊下を右へ。階段を降りて新館に通じる渡り廊下へと向かう。共同手洗いや水場の前を通り越して、古い木造りで趣のある本館から新建材の使われた新館への渡り廊下を渡ると、何やら扉に張り紙がしてある。半紙に毛筆の大きな黒い字で何かが書いてある。注意書きに違いない。でも分からない。読めないのである。まだ習っていないから。

「どうしよう?どうしよう?どうしよう?」

その扉を開けて入って行っても良いのだろうか?いけないのだろうか?あまりにも不安である。でも読めないから分からない。どうしよう?白い半紙に威勢よく描かれた文字からはどちらかというと「拒否」の姿勢が感じ取られた。

「もどろう」

小心者である。でも、お使いの包みを手にしたまま部屋に戻って来た私を祖母は理解してくれた。

あら、そう?なんて書いてあったのかしらね?

もしかしたらお昼寝中だから起こさないでくださいって書いてあったのかも。。。

そうかもしれないわね、もう少ししたらお部屋にお電話してみるわ

頃合いを見計らって部屋から電話をした祖母。先方の奥さまと笑いながら話しているのが分かる。なんだか恥ずかしい。。。

あの張り紙ね、ここはお便所じゃありません、って書いてあったんですって!多賀之丞さんのお部屋、渡り廊下の扉のすぐ横にあるからおトイレと間違える人がずい分いるんですって!

祖母は笑いながら教えてくれた。なんだあ、入ってもよかったんだ。張り紙に怖気付いてしまった自分がちょっと恥ずかしかった。でも読めなかったんだから仕様がない。初めてのひとりでお使いだったし。

風がよく通るように大きく開けっぱなしの部屋の障子窓から、カネに太鼓やラッパに三味線まじりの賑やかな音が聞こえてきた。川沿いを流して歩くチンドン屋だ。今夜、グランドホテルにバンドが入る宣伝だった。

あら、今晩はバンドさんが入るのね、聴きに行こうか?

うん、行きたい!

さっき窓の外を通った売り子から祖母が買っておいてくれた、氷水でよく冷やしたスモモを齧りながら頷いた。

昭和の四万、夏の思い出。







Les fleurs de glycine

2022-01-31 14:02:00 | écrit français
Mauve ou violet clair, c’était la couleur préférée de ma grand-mère maternelle. Je ferme les yeux, je vois ma grand-mère habillée en kimono de soie couleur fleurs de glycine. Elle est assise dans le salon de la maison à Shônan, la maison de mon enfance dorée au bord de la mer. Au printemps, le salon donnait sur la terrasse couverte avec pergola décorée des fleurs de glycine magnifiques. Je me souviens de l’odeur de la mer que je sentais dans cette maison. Je me souviens aussi de l'odeur du kimono, un mélange de senteurs de vieux tissus en soie et du parfum de ma grand-mère. Je me souviens de ces odeurs avec le sourire de ma grand-mère, doux, un peu triste, mais plein d’amour pour sa petite fille. Petite, je l’adorais plus que tout. C'était une dame d'une grande élégance.

La famille de ma grand-mère était d’origine Hatamoto, les gardes officiels du shogoun. Ses grands-parents vécurent comme seigneurs samouraïs d'Edo, tandis que la grande réforme de Meiji en 1868 bouleversa leur mode de vie féodale. Ma grand-mère est née au début du siècle dernier dans un Japon fraîchement occidentalisé. Seule fille d'une fratrie de sept enfants, elle fut éduquée par sa tante selon la plus pure tradition samouraï. Ma grand-mère composait des Haïkus, jouait au Koto et chantait des Ko-utas. C'était aussi une grande amoureuse de la littérature classique comme “le Dit de Genji”. Elle même était une conteuse fantastique pour ses petits-enfants.

Quand j’avais trois ans, ma mère m’a inscrite à un cours de danse traditionnelle. C’était pour ma grand-mère. Elle souhaitait depuis toujours que ses petites-filles apprennent la tradition, comme elle l’avait transmise à ma mère. En sortant de l'école maternelle, ma mère m’amenait chez une professeure de l'école de danse Hanayagui. Au vestiaire, ma mère me changeait en kimono. Quand on n’en a pas l'habitude, s'habiller en Kimono n'est pas simple. D’abord, elle me mettait une paire de Tabis aux pieds, des sortes de chaussettes en coton blanc épais en forme de V, le pousse séparé des orteils. On enserre le pied dedans et les ferme avec des crochets derrière la cheville. Ensuite, elle me mettait un Juban, un sous-vêtements léger en soie ou en coton blanc qu’on porte sous le kimono. Enfin, elle me mettait le kimono en ajustant la longueur à ma cheville, faisant des plis au niveau de la hanche et les fixait en serrant un cordon en coton autour de ma taille. Sur ce cordon, elle me mettait un Obi, une grande ceinture tissée épaisse avec des motifs brodés. Elle la finissait avec un joli nœud dans mon dos.

Au bout d’un an, je me souviens avoir dansé en Kimono un numéro classique “Fuji-mousumé” : la fille aux fleurs de glycine. C'était pour ma grand-mère. Juste une fois sur la scène de l'école. Ma mission de danse accomplie, j’ai demandé aussitôt à ma mère de ne plus m'amener chez la professeure de danse. J'ai dû décevoir ma grand-mère. 

Mon frère est né quand j’avais deux ans. Ma mère, femme au foyer depuis le mariage n’avait même pas trente ans à ce moment-là. Déjà à cette époque, mon père ne rentrait qu’à minuit passé tous les soirs, juste pour dormir. Ma mère ne travaillait pas, restait à la maison avec les enfants, seule. Une jeune femme au foyer à Tokyo les années 70. Même si elle était très amoureuse, j’imagine sa détresse, la déception de sa nouvelle vie en famille qui n’avait pas grand-chose à voir avec celle qu’elle avait connue avant. Curieusement, les femmes ne comptaient pas vraiment dans cette nouvelle famille-là. Elle s’était mariée sans savoir, m’a dit-elle plus tard.

Quand mon petit frère est né, ce fut une célébration pour toute la famille de mon père. Il était le premier fils et petit-fils de la famille, le futur chef du clan ! La naissance de mon petit frère fut la fierté de mon père et la joie ultime de mon grand-père paternel.

Dès son arrivée, ma mère s’est consacrée à ce nouveau-né si précieux. Encore trop jeune pour me débrouiller toute seule, à partir de ce moment-là, j'étais souvent confiée à mes grand-mères. Je dormais les week-ends chez les grands-parents, passais mes premières vacances plutôt avec eux qu’avec mes parents. Ça a été un grand bonheur, une enfance dorée, libre comme l'air. Mes grand-mères me remplissaient d'amour. J’étais leur première petite-enfant. Elles me chérissaient sans limites. Leurs amours me nourrissaient pleinement et m’ont construite bien solide. C'est grâce à elles qu'au fond, je n’ai jamais peur de rien.

Mes deux grand-mères étaient très différentes de l’une à l’autre. Elles m’enrichissaient différemment. Curieusement, je les voyais toujours séparément, jamais ensemble. Jamais. Je ne me souviens pas avoir été une seule fois ensemble avec mes deux grand-mères dans les différentes occasions familiales. Peut-être, pour les mariages de mes tantes, les deux jeunes sœurs de mon père, mais je ne m’en souviens plus.

Ma grand-mère paternelle était d’une origine modeste, venait d’un quartier populaire. Je ne savais rien sur sa famille, mais une fois on m’avait dit que son père était un charpentier d’Édo. À l’époque, elle vivait encore avec mes deux jeunes tantes. Leur maison se trouvait à côté du bureau de mon père. C’était une maison traditionnelle en bois que mon grand-père avait construite pour elle.

Ma grand-mère aimait bavarder de tout en buvant du thé avec ses invités, fumant ses cigarettes Seven-Stars. Assise à côté d’elle, je prenais aussi un bol de thé au lait avec eux. Quand il n’y avait personne qui lui rendait visite, nous regardions ensemble des émissions de chansons populaires à la télé. C’était une grande admiratrice de Misora HIBARI, “ la chanteuse à la voix aux sept couleurs ”. L’une de mes tantes aussi chantait souvent ces airs avec une jolie voix. Le soir dans un futon à coté d’elle ou d’une de mes tantes, je feuilletais leurs magazines féminins “ pour les grands ” que ma mère interdisait à la maison. Elles étaient simple et terre à terre. C’était la liberté.

Pendant longtemps, ce décalage entre mes deux grand-mères fut une énigme. Mais comme pour tous les enfants au monde, ça ne m’a jamais posé problème. Je les aimais toutes les deux naturellement, énormément. Enfant, passer un week-end chez l’une ou l’autre, était mon bonheur. Le printemps, l’été, l’automne, l’hiver, mon enfance est remplie des souvenirs heureux et colorés avec elles.

Mes goûts pour la lecture et le spirituel, je les tiens de ma grand-mère maternelle. Elle avait beaucoup d’esprit et de foi. Elle était profondément croyante. Avec elle et ma mère, nous allions régulièrement aux temples Shintoïstes ou bouddhistes. Ma grand-mère faisait des offrandes aux temples pour chaque saison. J’aimais beaucoup les accompagner à ces pèlerinages. Les temples étaient souvent entourés d’une forêt ou d’un grand jardin. Il fallait marcher un long moment dans la nature avant de les atteindre. Sur le chemin, l’air était pur et sacré. Les Kamis y habitaient. Au Japon, nous vivons depuis toujours avec Yaoyorozu-no-Kamis : les huit millions des dieux et des esprits du pays, ainsi qu’avec nos ancêtres car pour nous, l’âme est éternelle.

Ma grand-mère maternelle est morte il y a presque vingt ans aujourd’hui. Pourtant, je sens qu’elle est toujours là, présente comme un ange gardien. De temps en temps, elle m’envoie des signes pour me dire qu’elle est bien là. La dernière fois, c’était il y a quelques années, un été au Japon. Profitant d’un moment libre, je suis partie seule au temple d’Isé-Jingu, une de mes destinations préférées.

Ce matin-là, je suis allée au Naïkû : le temple principal et j’ai décidé de faire une offrande “Kagura” : la musique et la danse sacrées au Kagura-den. C’était le lendemain d’une grande fête religieuse. Les pèlerins habituels étaient déjà repartis la veille et il n’y avait personne dans la salle d’attente. La grande salle était vide et silencieuse. D’habitude, il pouvait y avoir jusqu’à une centaine de personnes et les pèlerins étaient regroupés par une carte d’attente pour chaque séance de Kagura. On distribuait à chacun une carte portant une couleur et un dessin. 

Comme j’étais la seule à attendre ce matin-là, on avait oublié de me donner la carte. Alors sans ma carte, je suis entrée dans la grande salle vide, seule, complètement perdue. Là, une prêtresse est venue me voir en courant à petits pas et m’a tendu une carte. Une carte d’attente pour moi seule, avec comme par hasard, la couleur et le dessin des fleurs de glycine ! En plus, elle était marquée du chiffre fétiche de ma grand-mère, le 13. J’étais la treizième personne ce matin au Kagura-den. Non, ce n’était pas un hasard. Je ne peux pas me tromper. C’était elle. Ma grand-mère était avec moi ce matin-là. 
 

Parent : un métier plus difficile aujourd’hui ?

2022-01-24 19:37:00 | écrit français
Être un père ou une mère aujourd’hui, est-ce un métier plus difficile qu’autrefois ? Telle est la question posée, mais je ne suis pas sûre que parent soit “un métier”.

Les définitions de “métier” dans le dictionnaire : 1 - Profession, travail dont on vit. 2 - Machine servant à la fabrication des textiles. 3 - Expérience, habilité technique.

On peut certainement dire que “parent” est une expérience et une habilité technique, riche et complexe. Ce métier a dû évoluer avec le temps comme tous les métiers. Alors, quel est la spécificité de ce métier “parent d’aujourd’hui” ?

Tout d’abord, il paraît que nous nous marions moins qu’avant. Beaucoup de couples forment une famille avec des enfants hors mariage. Pourquoi ? Peut-être, pour alléger les engagements ou pour se sentir libres même en devenant parents. Ils sont pacsés au mieux. Parallèlement, nous divorçons beaucoup plus facilement qu’avant. Il y a une dizaine d’années quand notre fils était encore dans une école maternelle à Paris, déjà à cette époque-là, plus de la moitié d’élèves de la classe étaient des enfants de parents divorcés. Ces enfants jonglaient entre la maison de leur mère et celle de leur père dans la semaine. Ces réalités qui ne sont pas simples pour les enfants d’aujourd’hui doivent affecter leurs rapports avec les parents. 

Pour eux, la notion de famille a bien changé par rapport à autrefois. Avant, la famille pour les enfants était la base de la vie qui leur donnait la stabilité et la sécurité. Mais aujourd’hui, quel que soit le milieu social, elle est devenue une unité souvent instable et plus variée dans la forme : monoparentale, homoparentale, recomposée, etc. Ainsi, la famille pour les enfants d’aujourd’hui n’est plus comme celle d’avant. 

Par conséquent, le métier d’être parent peut être moins évident qu’avant. De plus, s’y ajoute chaque année la hausse des prix, la dégradation environnementale, le réchauffement climatique, etc. On peut facilement compter mille raisons pour lesquelles les parents seront plus pessimistes pour le futur de leurs enfants. 

Ainsi avec le temps, les conditions qui influençaient la vie de famille ont énormément changé. Néanmoins, nous savons que le métier d’être parent n’a jamais été facile quelle que soit l’époque. 

En fin de compte, qu’est-ce qui importe dans ce métier ? Quand on est un père ou une mère, tout ce que nous souhaitons est le bien-être de nos enfants, leur bonheur. Fort ou moins fort, réussi ou moins réussi, ce n’est pas important. Les enfants doivent s’épanouir quelles que soient leurs capacités intellectuelles ou physiques. Dans ce but, le métier de parent est de les aider et de les protéger.

Ce qui donne la force aux enfants, je suis sûre que c’est le sentiment d’être aimés. C’est le plus important de tout, la clef de ce métier.

Pour conclure, si nous pensons qu’être parent est un métier plus difficile qu’autrefois, c’est parce que les parents d’aujourd’hui sont souvent moins sûrs d’eux-mêmes. Avant, les parents n’avaient probablement pas d’autre choix que d’assumer leur rôle de père ou de mère et d’essayer d’assurer le plus possible le bonheur de leurs enfants. Ils vivaient peut-être moins égoïstement. En tout cas, le principe de ce métier n’a pas changé : l’amour inconditionnel pour le bien-être des enfants.