ル・モンド紙
西日本豪雨を紹介した記事です。どのようにフランスで報道されているかvideoをご覧ください。
記事を邦訳したいのですがすぐにはできそうもありませんのでUPしておきます。なおliteraにはル・モンドも安倍首相の姿勢がおかしいと疑問視しているという記事があります→安倍首相の豪雨被災地ないがしろは続いている! 災害対応よりカジノ優先、宴会参加の官房副長官は自治体に責任転嫁 (空を飛ぶカバ)
Images des inondations meurtrières au Japon
Intempéries au Japon : au moins 100 morts, le premier ministre Abe annule ses voyages
日本の荒天、少なくとも100人の死者、安倍総理は外遊を中止する。
Les pluies torrentielles, qui ont ravagé l’ouest du pays, ont provoqué inondations et glissements de terrain.
西日本で猛威をふるった豪雨は、洪水と地すべりを引き起こした。
Lorsque l’ordre d’évacuation est arrivé, il était déjà trop tard. L’eau est montée si vite jusqu’aux 1er étage de leur maison que les habitants de nombreuses bourgades de l’ouest du Japon n’ont eu d’autre choix que de se réfugier sur leur toit. Entre envois de messages sur les réseaux sociaux et serviettes blanches agitées au passage d’hélicoptères des pompiers, de l’armée ou des télévisions, ils n’avaient guère de moyens de s’en sortir.
非難命令が出た時にはすでに遅かった。水はあまりにも速く家の一階部分にまで上がってきて、西日本の多くの小さな村の住民は屋根の上に逃げるしかなかった。ネットワークにメッセージを送る間に消防や軍やテレビのヘリコプターが通過するときに白いタオルを振るしか外に出る手段はあまりなかった。
Au moins 100 personnes sont mortes entre vendredi 6 et lundi 9 juillet après des pluies exceptionnelles, qui ont ravagé les provinces d’Hiroshima, Ehime, Yamaguchi, Gifu, Okayama ou encore Kyoto. « J’ai vécu quarante ans ici, c’est la première fois que je vois une chose pareille », a témoigné pour la télévision NHK un sinistré de la région d’Hiroshima.
7月6日金曜日と9日月曜日の間に桁外れに雨が降った後、少なくとも100人が死亡した。豪雨は広島、愛媛、山口、岐阜、岡山、さらに京都を襲った。「私はここに40年住んでいますが、こんなことは初めてです」と広島県の被害者がNHKテレビで証言した。
Les précipitations, d’une violence inouïe, ont dépassé un mètre en moins de soixante-douze heures « ce qui ne se produit qu’une fois tous les cinquante ans. Le front pluvieux a stagné très longtemps au-dessus de la même zone, ce qui a provoqué des précipitations en quantité pour ainsi dire jamais vue », a expliqué Yasushi Kajiwara, de l’Agence nationale de météorologie.
Le souvenir du tsunami de 2011
Les images, notamment celles prises par des drones, montrées par les télévisions rappellent celles du tsunami de 2011 dans le nord-est. Les cours d’eau étaient si déchaînés qu’ils ont tout emporté dans leur furie : la NHK était en train de filmer une rivière devenue monstrueuse quand soudain le long pont de bois qui la surplombait a commencé à céder puis est parti. Des habitants de petits villages entourés de montagnes se sont retrouvés totalement coupés du monde jusqu’à ce qu’un hélicoptère vienne les sauver.
Il n’est pas rare que des localités rurales encastrées dans des zones isolées soient les premières touchées lors de phénomènes météo exceptionnels, mais cette fois, même des quartiers entiers de villes ont été inondés. Il restera sans doute dans les mémoires ces images d’un grand hôpital de Kurashiki, envahi par les eaux, et dont les patients, personnels et visiteurs ont été pris au piège.
Les vieillards ont été évacués avec leurs fauteuils roulants par des bateaux de l’armée, d’autres sur des brancards hélitreuillés. On n’avait pas vu de telles scènes sans doute depuis le drame de mars 2011. Des enfants figurent aussi parmi les victimes, comme deux élèves d’une école primaire rurale qui n’en comptait que six.
La ville de Kumano, près de Hiroshima, où sont fabriqués à la main les « kumano-fude », pinceaux de maquillage en poils naturels qu’utilisent les maquilleurs d’Hollywood, a aussi été en partie dévastée par des coulées de boue, selon les images prises sur place lundi par l’Agence France-Presse.
Selon Takeo Moriwaki, de l’Institut de technologies de Hiroshima, même les experts sont dépassés, car des glissements de terrain se sont produits en des lieux où les risques étaient considérés comme peu probables.
Depuis vendredi, deux bandeaux bleus entourent l’écran de la chaîne NHK, affichant en permanence les consignes, le nombre de morts et de disparus, rappelant sans cesse que le drame se poursuit.
« Un combat contre le temps »
L’urgence est au sauvetage des victimes, « un combat contre le temps », selon les mots du premier ministre, Shinzo Abe, mais viendra forcément le moment des questions : pourquoi un tel désastre ? Comment expliquer un tel bilan ? Les ordres d’évacuation ont-ils été trop tardifs ? Pourquoi n’ont-ils pas un caractère obligatoire ? Les autorités ont-elles été à la hauteur ?
Des éléments de réponse peuvent déjà être donnés. L’ampleur du sinistre s’explique en partie par la structure même de l’habitat au Japon. Les maisons sont en bois, parfois construites à flanc de montagne et donc à la merci des glissements de terrain qui ne manquent pas d’arriver quand les précipitations atteignent des niveaux exceptionnels. Idem pour les demeures qui se trouvent au bord des cours d’eau, sur des étendues parfois extrêmement plates.
sur le même sujet Japon : des pluies torrentielles font une centaine de mortsEn outre, le fait que l’habitat soit parfois très dispersé complique encore les choses. Des bourgs de seulement quelques dizaines ou centaines d’habitants ne sont accessibles en tant normal que par une seule voie routière. Si elle est rompue, il devient impossible de partir ou de secourir ces personnes, lesquelles sont de surcroît souvent âgées.
Car le vieillissement de la population est aussi une importante entrave aux opérations de secours. Les octogénaires et leurs aînés ne sont guère habitués à consulter des informations sur les réseaux sociaux qui relaient non seulement les informations officielles mais aussi des témoignages de personnes qui peuvent s’avérer utiles.
Les autorités japonaises ont de plus en plus souvent des difficultés à estimer le bon moment pour donner des instructions sur la base des alertes émises par l’Agence de météorologie nationale, avis qui vont de recommandations incitant à quitter les lieux à des ordres d’évacuation sans cependant de mesures coercitives pour les faire appliquer. C’est finalement à chaque citoyen de décider à ses risques et périls s’il part ou non et à quel moment.
Shinzo Abe critiqué
En parcourant les annales des désastres de ces dernières années dans l’Archipel, force est de constater que la pluie (et ses conséquences) y est plus meurtrière que les séismes (lorsqu’ils ne sont pas accompagnés de tsunami). Hiroshima avait connu des glissements de terrain monstrueux qui ont tué 74 personnes en 2014 et en septembre 2011 une centaine d’habitants de l’ouest avaient perdu la vie à cause des dégâts provoqués par deux violents typhons.
Les experts de l’agence officielle de météo parlent certes d’une « situation exceptionnelle », mais ne la lient pas, pour l’heure, au changement climatique, sachant qu’il a toujours existé des phénomènes extrêmes. L’important est de mesurer leur récurrence.
Si les Japonais n’aiment pas polémiquer alors que des vies sont en danger, nombreux sont néanmoins ceux qui se sont agacés sur Internet du peu de visibilité de Shinzo Abe durant le week-end. Il a participé à trois réunions entre samedi et lundi avec les ministres concernés, mais ne s’est pas exprimé devant les médias, ce qui est plutôt inhabituel. La cellule de crise n’a été mise en place que dimanche matin, alors que la situation était déjà très grave dès samedi, le bilan officiel atteignant alors plus de 30 morts.
Les internautes se demandaient en outre depuis deux jours s’il était bien opportun que le premier ministre maintienne un voyage à l’étranger prévu du 11 au 18 juillet. « M. Abe a l’air de penser que quoi qu’il fasse, il ne sera pas sanctionné », a tweeté le documentariste Kazuhiro Soda en liant son commentaire à un article du site lite-ra, toujours très dur contre M. Abe, dénonçant le fait que le chef du gouvernement « ait laissé la situation en plan pendant deux jours pour après parler de course contre la montre ».
Le porte-parole du gouvernement a finalement annoncé lundi matin que Shinzo Abe « a décidé d’annuler une tournée prévue à partir de mercredi en Belgique, en France, en Arabie saoudite et en Egypte ».