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説明

🇫🇷詩

2019-09-11 02:15:04 | 翻訳
エドガー・ポーの墓:ステファヌ・マラルメ


  ついに永遠が彼自身の姿となって現れたかのように
  詩人が諸刃の剣を振りかざして起き上がると
  同時代人たちは改めて思い知らされるのだ
  この奇怪な声の中に勝ち誇っている死のことを

  怪物ヒドラが痙攣しつつ天使の声を聞いたように
  人々は詩人の言葉に純粋な意味を認めはしたが
  それはどろどろとした黒い水溜りから汲み取られた
  魔法の言葉だと声高に叫ぶのだった

  泥だ 敵意に満ちた雲だと おお悲哀よ!
  我々の想像力がまぶしいポーの墓を
  レリーフで飾ることも出来ないのなら

  陰惨の闇から落ちてきたこの静かな石の塊
  少なくともその石に永遠の霊域を刻み込み
  未来に向かって振りまかれた冒涜の徴を語らしめよ


マラルメはエドガー・アラン・ポーに深く傾倒し、その作品の多くをフランス語に翻訳している。海の彼方に眠るポーの墓を、マラルメが実際にみたことは無論なかったが、生前誰からも評価されなかったこの孤高の詩人の死の意味について、マラルメは尊敬の念を持って語っている。

エドガー・ポーの価値を最初に発見したのは、フランス人のボードレールだ。ポーの故郷アメリカは、いわば逆輸入の形でポーを再発見したが、短編の推理小説を愛することはしても、その詩はなかなか理解されなかった。








Le Tombeau d'Edgar Poe - Stephane Mallarme

  Tel qu’en Lui-meme enfin l’eternite le change,
  Le Poete suscite avec un glaive nu
  Son siecle epouvante de n’avoir pas connu
  Que la mort triomphait dans cette voix etrange !

  Eux, comme un vil sursaut d’hydre oyant jadis l’Ange
  Donner un sens plus pur aux mots de la tribu
  Proclamerent tres haut le sortilege bu
  Dans le flot sans honneur de quelque noir melange.

  Du sol et de la nue hostiles, o grief !
  Si notre idee avec ne sculpte un bas-relief
  Dont la tombe de Poe eblouissante s’orne

  Calme bloc ici-bas chu d’un desastre obscur,
  Que ce granit du moins montre a jamais sa borne
  Aux noirs vols du Blaspheme epars dans le futur.

  


Je suis belle, ô mortels, comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Éternel et muet ainsi que la matière.

Je trône dans l’azur comme un sphinx incompris ;
J’unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes ;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les poètes devant mes grandes attitudes,
Qu’on dirait que j’emprunte aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d’austères études ;

Car j’ai pour fasciner ces dociles amants
De purs miroirs qui font les étoiles plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !

🇫🇷劇

2019-09-11 02:10:29 | 翻訳
Terrasse d’un rempart dominé par une terrasse et dominant d’autres remparts.


Scène première
ANDROMAQUE, CASSANDRE.


Andromaque.
La guerre de Troie n’aura pas lieu, Cassandre !


Cassandre.
Je te tiens un pari, Andromaque.


Andromaque.
Cet envoyé des Grecs a raison. On va bien le recevoir. On va bien lui envelopper sa petite Hélène, et on la lui rendra.


Cassandre.
On va le recevoir grossièrement. On ne lui rendra pas Hélène. Et la guerre de Troie aura lieu.


Andromaque.
Oui, si Hector n’était pas là !… Mais il arrive, Cassandre, il arrive ! Tu entends assez ses trompettes… En cette minute, il entre dans la ville, victorieux. Je pense qu’il aura son mot à dire. Quand il est parti, voilà trois mois, il m’a juré que cette guerre était la dernière.


Cassandre.
C’était la dernière. La suivante l’attend.


Andromaque.
Cela ne te fatigue pas de ne voir et de ne prévoir que l’effroyable ?


Cassandre.
Je ne vois rien, Andromaque. Je ne prévois rien. Je tiens seulement compte de deux bêtises, celle des hommes et celle des éléments.


Andromaque.
Pourquoi la guerre aurait-elle lieu ? Pâris ne tient plus à Hélène. Hélène ne tient plus à Pâris.


Cassandre.
Il s’agit bien d’eux.


Andromaque.
Il s’agit de quoi ?


Cassandre.
Pâris ne tient plus à Hélène ! Hélène ne tient plus à Pâris ! Tu as vu le destin s’intéresser à des phrases négatives ?


Andromaque.
Je ne sais pas ce qu’est le destin.


Cassandre.
Je vais te le dire. C’est simplement la forme accélérée du temps. C’est épouvantable.


Andromaque.
Je ne comprends pas les abstractions.


Cassandre.
À ton aise. Ayons recours aux métaphores. Figure-toi un tigre. Tu la comprends, celle-là ? C’est la métaphore pour jeunes filles. Un tigre qui dort ?


Andromaque.
Laisse-le dormir.


Cassandre.
Je ne demande pas mieux. Mais ce sont les affirmations qui l’arrachent à son sommeil. Depuis quelque temps, Troie en est pleine.


Andromaque.
Pleine de quoi ?


Cassandre.
De ces phrases qui affirment que le monde et la direction du monde appartiennent aux hommes en général, et aux Troyens ou Troyennes en particulier…


Andromaque.
Je ne te comprends pas.


Cassandre.
Hector en cette heure rentre dans Troie ?


Andromaque.
Oui. Hector en cette heure revient à sa femme.


Cassandre.
Cette femme d’Hector va avoir un enfant ?


Andromaque.
Oui, je vais avoir un enfant.


Cassandre.
Ce ne sont pas des affirmations, tout cela ?


Andromaque.
Ne me fais pas peur, Cassandre.


Une jeune servante, qui passe avec du linge.
Quel beau jour, maîtresse !


Cassandre.
Ah ! oui ? Tu trouves ?


La jeune servante, qui sort.
Troie touche aujourd’hui son plus beau jour de printemps.


Cassandre.
Jusqu’au lavoir qui affirme !


Andromaque.
Oh ! justement, Cassandre ! Comment peux-tu parler de guerre en un jour pareil ? Le bonheur tombe sur le monde !


Cassandre.