西尾治子 のブログ Blog Haruko Nishio:ジョルジュ・サンド George Sand

日本G・サンド研究会・仏文学/女性文学/ジェンダー研究
本ブログ記事の無断転載および無断引用をお断りします。
 

『憂愁書架』

2020年07月17日 | 気になる本

『憂愁書架』 

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長塚隆二先生のご葬儀に参列して Les obsèques de Monsieur Ryuji Nagatsuka

2020年07月16日 | 覚え書き
日本ジョルジュ・サンド研究会の皆さま
 
 長塚隆二先生が2020年7月8日、96歳でお亡くなりになられました。
 日本のサンド研究を大きく前進させた本格的な伝記『ジョルジュ・サンド評伝』(1977)をご存じの方も多いことと思いますが、長塚先生は,第二次大戦の大東亜戦争)で大日本帝国海軍によって編成された爆装航空機による体当たり攻撃部隊、いわゆる特攻隊を生き延びられました。そのことをフランス語で書かれたご著書があるため、フランスのマスコミ界では今でも「カミカゼ」の略称で知られています。また、サンドのほか、ナポレオンやフーシェについても造詣が深く数々の研究書を残され、レジョン・ドヌール賞等の大賞も受賞されました。
 
 昨日、都内で先生の家族葬がしめやかに取り行われました。白い胡蝶蘭や紫の花で飾られた、非常に清楚で高雅な雰囲気のご葬儀でした。先生の最愛の御妹様をはじめ参列者の皆様全員が沢山の花でお棺を飾り、最後に花びらで「ありがとう」を文字の形にした言葉が添えられ、先生は旅立たれました。
 今頃は天国で、生前、親しく交流されていた、サンドの後継者クリスチアンヌ・サンドさんや『ジョルジュ・サンド』書簡集全26巻の編纂者ジョルジュ・リューバン氏に再会され、サンドのことをお話になっておられることでしょう。
 
 長塚先生のサンド研究への情熱には並々ならぬものがあったことは、ジョルジュ・サンド評伝』のほか、翻訳『棄子のフランソワ 』や残されたサンドに関する研究ノートが裏付けています。ご葬儀に参列させていただき、私たちも先達のサンドへの熱い情熱を継承し、サンド研究を推し進めていくべきであろうという思いを強くした次第でした。
 
 改めて、これまでのご温情とご深切に心より感謝し、追悼の意を捧げたいと存じます。
 
 
 
Un adieu, un au revoir  
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ノアン ショパン・フェスティヴァル 7月6日−7月21日

2020年07月15日 | 芸術・音楽・演劇、オペラ、舞踏など

Nohant Chopin Festival 

Date:  – 

 

CONCERTS Organisé par l’association Musique au Pays de George Sand

54ème édition sur le thème « Beethoven, Chopin et l’héroïsme romantique »

Retrouver le programme sur www.festivalnohant.com

 

https://www.amisdegeorgesand.info/events/event/nohant-festival-chopin-3/

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"Voyager avec George Sand et Miss Islande"

2020年07月14日 | 気になる本

C’est ce qu’on appelle le livre d’une vie. Il aura fallu quinze années à Marianne et Gilles Miclon pour achever ce gros œuvre (800 pages et des centaines de documents) et cette œuvre si finement précise : En voyage avec George Sand (éditions de La Bouinotte). 

https://present.fr/2020/07/17/voyager-avec-george-sand-et-miss-islande/

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Sociabilité littéraire misogyne dans le Journal des Goncourt au temps de George Sand

2020年07月13日 | 手帳・覚え書き

Sociabilité littéraire misogyne dans le Journal des Goncourt au temps de George Sand

Le Journal, mémoires de la vie littéraire des Goncourt, rédigé par Jules jusqu'à sa mort en 1870, avec son frère Edmond à ses côtés, sera continué par ce dernier jusqu'en 1896.

Dans ce Journal, on trouve cinq étapes primordiales dans la chronologie de la sociabilité. La première remonte à 1851, année où les frères ont décidé de tenir le Journal “comme entrée inaugurale" (Cavanes, 2008). La deuxième, c’est en 1857- 1858, le moment où les échanges littéraires se sont mis à prendre un grand essor: les diaristes avaient établi des relations intensives avec les milieux littéraires. La troisième est une nouvelle étape franchie en 1862 avec le dîner chez Magny; les diaristes ont écrit le 13 novembre, « Nous voici avec les meilleures relations littéraires du monde » (t.I.p883); Sand y était une exception entre les participants homgènes sexuellement. (cf. C.Masson, A.Alquier,1985). Pour la quatrième, il s'agit du groupe des Cinq créé en 1876 par Edmond, dont les membres étaient Flaubert, Daudet, Tourgueniev et Zola. La cinquième et dernière remonte à 1884, année où, après le décès de Jules en 1870, Edmond créa le fameux "Grenier" du dimanche après-midi. 
Or, si on le compare à chaque journal écrit par d'autres écrivains tels que Roussseau, Wolf, Gide ou Dostoïevski, ce Journal présente des particularités marquantes: on se rend compte qu'il est rempli de nombreuses injures et ironies qui, bien qu'il faille les lire en filigrane, sont exprimées dans un style foudroyant.
On remarque, d'une part, le refus opiniâtre des frères, à savoir, leur misogynie, leur haine contre la Révolution, leur mépris du progrès et de tout ce qui est féminin et, d'autre part, leur assentiment délibéré à un esprit aristocrate orgueilleux, à la fierté de posséder une sensibilité nerveuse et à un fétichisme acharné. Parmi tous ces facteurs, seront examinés en particulier les préjugés sexistes et l'"étude du vrai", lesquels constituent un des noyaux du réalisme flaubertico-goncourtien. La personne-clé importante pour cette analyse sera Flaubert: il a été omniprésent dans les lieux de sociabilité littéraire depuis le début du Journal jusqu'à la création du groupe des Cinq; il partageait avec les deux frères à la fois les points communs mentionnés ci-dessus et la passion pour le naturalisme.
Tout en étant centrée sur le Journal qui va de 1850 à 1870, cette communication se propose 1. de mettre en lumière la vision dévalorisante aux yeux des écivains du romanisme, qu'ont acquise les Goncourt pour avoir mené une recherche trop avancée sur l'"étude du vrai", et 2. de montrer qu’ils ont cependant réussi à étayer leur naturalisme.
Comme conclusion, on voudrait souligner que ce sont à la fois leur vision diamétralement opposée à l'idéal de George Sand et leur sociabilité qui, en jouant un rôle de vivier, ont nourri et développé le naturalisme d'Edmond auquel Zola se joindra plus tard.

HN   juin 2019

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George Sand, un imaginaire sous influences

2020年07月12日 | 参考文献

NICOLE GRÉPAT    George Sand, un imaginaire sous influences

Marilyn Mallia, Présence du roman gothique anglais dans les premiers romans de George Sand, Paris : Classiques Garnier, 2018, 281 p., EAN 9782406074519.Simone Bernard-Griffiths, Essais sur l’imaginaire de George Sand, Paris : Classiques Garnier, 2018, 616 p., EAN 9782406065647.

 FÉVRIER 2020 (VOLUME 21, NUMÉRO 2)

 

titre article

NICOLE GRÉPAT

George Sand, un imaginaire sous influences

 

Marilyn Mallia, Présence du roman gothique anglais dans les premiers romans de George Sand, Paris : Classiques Garnier, 2018, 281 p., EAN 9782406074519.Simone Bernard-Griffiths, Essais sur l’imaginaire de George Sand, Paris : Classiques Garnier, 2018, 616 p., EAN 9782406065647.
 

Qu’il est aventureux d’appréhender l’œuvre sandienne !

1En effet, George Sand a le génie du masque et de la mise en scène, brouille les catégories littéraires et floute ses personnages, d’abord en empruntant tout en transgressant, en s’imprégnant tout en remodelant, et, enfin, en reprenant pour davantage redistribuer. Certes la présence d’influences est tangible, par exemple celle du roman gothique anglais dans ses premiers romans, selon l’étude convaincante de Marilyn Mallia1. Mais si Sand est sous influences, elle s’affirme non influençable car sournoisement insaisissable et insolemment libre. Elle nuance la plupart de ses romans de traces autobiographiques, philosophiques et idéologiques et le repérage de toutes ces empreintes et de tous ces emprunts est parfois ardu à localiser dans l’œuvre entière ; l’ouvrage conséquent de Simone Bernard‑Griffiths2 s’impose comme une aide précieuse pour s’y retrouver.

2L’écrivaine se révèle, pour M. Mallia et S. Bernard‑Griffiths, comme une stratège confirmée, douée même pour un plagiat ou un palimpseste assumé. Habituée du théâtre berrichon de marionnettes de Nohant, George Sand excelle à tirer les fils d’un récit et à ordonner décors et figures pour se réapproprier des imaginaires littéraires qui l’ont charmée. Elle façonne et contre‑façonne, elle imite et pastiche, elle traduit et illustre. Se pose alors le problème de la réappropriation d’un genre littéraire spécifique par une écriture plastique qui bouscule catégories, frontières et normes génériques pour redonner du souffle à l’œuvre.

3L’essai de M. Mallia souligne l’influence du roman gothique anglais dans les premiers romans de George Sand, révélée par une pratique rhétorique de l’excès qui transcende le temps, l’espace et les genres. L’esthétique du choc s’affirme ainsi essentielle pour véhiculer les aspects clés de la condition féminine et de la politique sexuelle de l’époque. C’est pourquoi l’autrice se livre volontiers à l’hybridation des genres dans une expérimentation audacieuse, ce que S. Bernard‑Griffiths confirme dans son analyse de François le Champi, roman champêtre de 1847 auto‑adapté au théâtre en 1849. Les limites entre les genres sont souvent bafouées : Jean de la Roche3 (1859), se confond parfois avec le Journal de voyage, par un dialogisme remarquable, surprenant et inattendu, le volcan étant ici le lieu de l’épreuve et de la quête, dans une descente métaphorique aux enfers. Citons aussi Antonia4, qui hésite entre roman de mœurs, roman sentimental, récit poétique, voire essai d’esthétique5Mattea célèbre aussi le polymorphisme du conte, de l’autobiographie et du roman au service d’une fluctuation entre lyrisme et ironie.

4Recyclage, réécriture, recréation, reprise, que de questions à se poser ! Dans quel but artistique, et pour servir quel dessein scriptural ? Le dédoublement des personnages et leurs itinéraires problématiques ne sont‑ils que la mise en abyme de la bipolarité gothique et romantique de l’écrivaine elle‑même ? Du tyrannique Ancien Régime au progressiste rousseauisme, de l’initiation maçonnique au cheminement gothique, de la quête identitaire au voyage intérieur, le feuilletage fictionnel de l’œuvre prolixe n’est‑il pas la thérapie absolue pour un réel épanouissement de l’imaginaire sandien, au service d’une conception positive de toute crise ?

5C’est bien l’aptitude au recyclage des sources au niveau des techniques d’écriture, mais surtout l’amplitude créative que ces réappropriations successives donnent à l’œuvre qui sont au cœur de ces deux études romantiques et dix‑neuvièmistes. Trois éléments fédérateurs s’unissent et se font écho pour mieux se compléter dans les ouvrages de M. Mallia et S. Bernard‑Griffiths. Il est judicieux de retenir leurs trois visées fondamentales : celle du féminin sandien et de ses dédoublements imposés ; celle de l’ethnopoétique de l’espace et des itinéraires de l’œuvre romanesque ; et enfin celle d’une traversée voulue et féconde des codes, des genres, des modes.

Féminin, féminité, féminisme : le témoignage engagé de George Sand

6Romantique ou gothique, George Sand fournit des armes pour dénoncer la condition féminine de son époque. Pour cela, elle s’adonne à l’exploration de la spirale du Moi dans la construction de ses personnages : que ce soit Indiana, une héroïne gothique double, ou Valentine, qui décline les malheurs de la vertu, ou encore Lélia, souvent en excès cérébral, et même Consuelo, qui mène un parcours initiatique à valeur d’exemplum6, ces héroïnes vertueuses et sensibles, ces femmes irréprochables, se révèlent de bien mystérieuses duettistes, adoubées par un patriarcat omniprésent, mais désabusées et réfugiées dans le sublime des alliances contraires. Bipolaires, elles font l’éloge d’une littérature de la liberté, du libertinage et du libertaire ; toutes espèrent sortir des schémas classiques qui entravent et enferment.

7Ann Radcliffe et Catherine Cuthbertson impulsent, en figures tutélaires, les explorations sandiennes de la condition féminine, dénonçant l’effacement systématique des femmes des sphères du pouvoir de l’époque. À la lumière de leurs ouvrages, Sand analyse des stratégies possibles de survie, un pouvoir d’action pouvant paradoxalement surgir de ces victimes. L’autrice fait preuve, dans toute son œuvre, d’un regard aiguisé sur le sujet féminin et la représentation que son époque se fait de la féminité, et cherche à combattre la dévalorisation systématique des femmes qui la caractérise : assistée, handicapée ou immature quand il s’agit d’assumer une quelconque décision, la femme voit sa place fixée à mi‑parcours entre l’enfant qu’on protège ou le vieillard qu’on assiste. Ce sont les propres angoisses de Sand, en tant que femme dans cette période instable de l’Histoire et en tant qu’être aux histoires personnelles turbulentes, qui sont le terreau fertile de son imaginaire. Victime elle‑même du syndrome de la Madone et de la prostituée, elle place ses héroïnes dans un lieu typologiquement patriarcal, dont le château gothique est une variante habituelle, permettant de servir les motifs de l’emmurement et de l’enterrement vivant qui conditionnent l’invisibilité féminine au sein des structures décisionnelles. Elles sont présentées ainsi comme des êtres vulnérables, objets de menaces institutionnalisées et ainsi dépossédées des ressources de leur propre corps : « […] le château se dresse comme un édifice polémique qui oppose à toute pénétration étrangère l’épaisseur de ses murs et des convenances qui servent de protection contre le monde extérieur […]7. »

8S. Bernard Griffiths analyse La Mare au diable comme un réel itinéraire initiatique, qu’elle approche aussi du cheminement romanesque vénitien de Mattea : « L’espace s’impose comme partie intégrante de la fabrication fictionnelle des personnages8. » Comme pour l’influence gothique, la théâtralité du lieu opère avec toutes ses exigences diégétiques de structures labyrinthiques, chères aux épreuves initiatiques. C’est pourquoi Sand crée des personnages‑paysages féminisés, elle reprend des coutumes qu’elle littérarise, elle spiritualise aussi la condition paysanne afin de survaloriser l’esthétique de ses êtres champêtres. La mare au diable est « la source d’émanations malfaisantes, le centre d’un cercle magique, dont les héros, subjugués par un envoûtement inconnu, demeurent prisonniers », la mare « fonctionne comme un magique aimant générateur d’une circularité fatale »9. L’esthétique du fantastique rejoint la poétique gothique et la primitivité des êtres permet que leur soient révélés les secrets du monde surnaturel, ils sont dotés d’une véritable aptitude pour voir au‑delà du visible, ce que la civilisation ne permet pas d’appréhender. De plus, la parole est donnée aux femmes de la Province face à celles de Paris, et aux femmes du Peuple face aux élites cultivées : c’est ainsi que le combat sandien s’enclenche, revendicatif et même revanchard parfois, la dignité métapoétique est en marche…

9Il faut aussi noter qu’à côté du château gothique, de ses labyrinthes et souterrains, la thématique féminine du clos et de l’ouvert sous‑tend aussi, paradoxalement, la symbolique du jardin, de l’espace végétal ou floral, et le lieu étouffant de la serre. Le jardin est souvent clôturé par quatre murs infranchissables et la marche sans but de la jeune veuve dans celui de l’Hôtel d’Estrelle est une fois de plus une marche prisonnière. En conséquence, toute femme ne pouvant agir que de manière détournée, le goût sandien très prononcé pour le masque et les déguisements transformistes (qui offrent la possibilité de l’excès et de la transgression) lui donne, en tant qu’écrivaine, la force idéologique de malmener l’héroïne virginale que toute jeune femme se doit d’être. Devenue cruelle, forte et subversive, l’anti‑héroïne sandienne condamne la société et l’ignorance comme dangereuses ; toute vertu féminine est alors promise à des supplices affreux. À l’angélisme, il lui faut opposer le charnel, à la pureté, le corporel et à la victimisation, l’affirmation de soi qui permet de dénoncer fermement le mécontentement sexuel et métaphysique de toute femme, ce qu’entreprendra avec plus ou moins de succès l’exemplaire Lélia. Selon S. Bernard‑Griffiths, l’euphémisation morale et la survalorisation esthétique servent alors à enluminer l’érotisme sous‑jacent de ces désirs d’aventures et de ces aventures des désirs. George Sand va alors mettre sa plume au service d’un dédoublement féminin possible et souhaité.

Un dédoublement salutaire, une bipolarité salvatrice

10Deux femmes nourrissent chacune des héroïnes sandiennes : Indiana n’existe qu’avec Noun, Louise avec Valentine, Lélia avec Pulchérie, jouant avec et se jouant du clivage romanesque traditionnel entre la femme passionnée et la femme virginale, sapant ou voulant saper l’édifice claustral qu’est le code Napoléon de 1804. La femme, éternelle mineure civile, n’est acceptée que si sa beauté est éthérée et spiritualisée ; elle s’oblige alors à participer à la mascarade de la docilité, bien que souvent tentée par la volupté d’un suicide libérateur.

11Comme l’héroïne sandienne est une femme dépourvue d’appuis, vivant dans une société hostile et dans l’absence douloureuse d’une mère formatrice, souvent morte pendant son enfance, elle est également victime de l’autorité inefficace d’une figure paternelle rudimentaire ou distante. Mais on ne peut nier l’émergence de quelques éléments d’autonomie et de connaissance de soi chez cette héroïne orpheline : les effets négatifs de son éducation défaillante s’amoindrissent malgré tout, et une potentialité de redressement par l’apprentissage, par l’expérience et l’adaptabilité, bien que difficile, n’est pas inenvisageable. Elle se mue en femme philosophe et devient porteuse de la figure mythique de Corinne de Madame de Staël. C’est ainsi que Lélia vit le drame de l’intellectualité qui lui permet d’étouffer ses propres passions dans une vie presque exclusivement cérébrale et ascétique. Elle se désentrave par une évolution idéologique qui remanie les modèles sociétaux qu’on lui impose. M. Mallia parle de « dédoublement de l’héroïne gothique », de « diptyque épique10 » pour manifester un féminisme textuel, des stratégies de subversion, des formes de résistance à la culture patriarcale et des tentatives de représenter le point de vue des femmes et de les construire en tant que sujets.

12Pour S. Bernard‑Giffiths, c’est « le merveilleux qui fait resurgir à la surface les eaux profondes du moi11 », d’où cette nécessité pour George Sand de débrider son propre parcours créateur et de mobiliser toutes les écritures multiples et plurielles de son imaginaire dans cette fabrique de fictions qui célèbrent l’idéal autant que l’observation du réel.

Un parcours scriptural prometteur, un imaginaire sans amarres & sans entraves

13S. Bernard‑Griffiths établit les étapes du parcours de l’imagination créatrice sandienne, passant progressivement, au gré de textes rêveurs, et de traversées géographiques métaphoriques, du songe aux chimères, du bon, simple et vrai comme antidotes à l’effroi du siècle. De la topographie à la mythologie, d’effets de réel au dépaysement, George Sand nous donne à voir à travers la dynamique spatiale, l’affrontement entre l’Ancien et le Nouveau qui commande l’intrigue et la philosophie de son œuvre toute entière – d’où cet espace duel, cette recherche de l’ailleurs par le mythe, cette solution prônée aux apories de l’Histoire par les élévations intellectuelles et spirituelles qui s’inscrivent dans un sillage révolutionnaire.

14L’Art sauve et l’écriture soigne. Et si « au secret du lieu correspond la révélation des secrets de l’âme12 », l’imaginaire sandien ne peut que tendre vers le fantastique, le gothique, le merveilleux… Et toute une « variété de modes d’énonciation contribue à la richesse feuilletée d’une représentation de l’espace13 ». Un parcours scriptural promettant un imaginaire sans amarres et sans entraves participe de la modernité sandienne dans ses effets mosaïques des choses vues, vécues et retranscrites.

15La dualité romanesque dans le système des personnages et l’ambigüité de l’architecture diégétique se nourrissent du goût pour le métissage, reflétant aussi bien les origines sociales sandiennes hybrides (un héritage maternel populaire et une ascendance paternelle aristocratique) qu’un parcours sociétal en mutation entre fin de l’Ancien Régime et Restauration. Sand revendique, d’une génération à l’autre, l’ambivalence de la rustrerie et de l’embourgeoisement pour ses héroïnes, de leur légitimisme fortement enraciné et du bonapartisme naissant, le cérémonial amoureux jouant subtilement de « l’alliance du conformisme et de la transgression »14. Claustrées ou libres, femmes ou fées, épouses ou sorcières, jeunes filles en fleur ou mères vieillissantes, courtisanes ou abbesses, les héroïnes sont doubles et incarnent tour à tour des madones, harpies, spectres, monstres, vierges, toute cette symphonie d’échos de la femme romanesque dans son mystère et sa complexité que George Sand s’attache à célébrer par l’écriture. Et Sand, « ingénieuse et féconde15 », se sert du genre gothique pour relater l’initiation féminine, et reconfigure des parcours initiatiques qui tendent vers un plus grand pouvoir d’action, et qu’elle a vus chez Radcliffe ou Wollstonecraft ; elle attribue ainsi à Consuelo une vraie conscience politique puisqu’elle apprend, selon Beatrice Didier, la haine de la tyrannie et la nécessité d’une lutte. Le paradigme binaire de l’héroïne évolue ainsi entre apogée du développement personnel et acmé du pouvoir d’action. L’œuvre toute entière dévoile des femmes inspirées aux multiples facettes, en qui l’écrivaine se rêve.

POUR CITER CET ARTICLE

Nicole Grépat, « George Sand, un imaginaire sous influences », Acta fabula, vol. 21, n° 2, Notes de lecture, Février 2020, URL : http://www.fabula.org/revue/document12621.php, page consultée le 13 juillet 2020.

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Convivialité masculine au XIXe siècle : les dîners Bixio et Magny

2020年07月11日 | 手帳・覚え書き

Anne Martin-Fugier
Dans Romantisme 2007/3 (n° 137), pages 49 à 59

Les élites du XIXe siècle avaient deux types de sociabilité : hommes et femmes fréquentaient les salons, espaces tenus par des femmes ; les hommes se retrouvaient entre eux dans les cercles, les restaurants et les cafés  [1].
Ce qu’on a appelé les dîners était une variante des cercles, il s’agissait de réunions périodiques entre hommes prenant la forme de repas, la plupart du temps au restaurant, parfois chez un membre du groupe, qui se sont multipliées sous le Second Empire et qui ont constitué une convivialité à la mode sous la IIIe République. Ces réunions régulières entre hommes n’avaient de commun que le nom avec les dîners que des maîtresses de maison à la mode organisaient régulièrement chez elles (Citons par exemple Mme Aubernon, célèbre pour diriger la conversation de manière autoritaire, en imposant les sujets et en rappelant à l’ordre à l’aide d’une sonnette les malheureux qui s’en écartaient ou excédaient leur temps de parole  [2]

« Si l’on avait pu réunir tous les propos de table des dîners célèbres du XIXe siècle qui ont remplacé les salons du XVIIIe, ce serait la chronique vivante de notre temps »  [3]

Le dîner Bixio date de 1856, le dîner Magny de 1862. Le premier porte le nom de son fondateur, le second celui du restaurateur chez qui il avait lieu. Mais le dîner Bixio s’était d’abord appelé «dîner des gens d’esprit » puis « dîner du Vendredi » car il avait lieu chaque premier vendredi du mois ; il ne prit le nom d’Alexandre Bixio qu’à la mort de celui-ci, en 1865.

Bixio avait eu une carrière atypique. Né en 1808 dans l’ancien département des Apennins, il étudia la médecine mais ne la pratiqua pas. Après avoir participé à la révolution de Juillet, il se fit journaliste.

Fondateur avec François Buloz en 1829 de la Revue des Deux Mondes, il publia la Maison rustique du XIXe siècle, dirigea le Journal d’agriculture pratique, puis devint rédacteur au National.

Sous la Seconde République, il fut envoyé extraordinaire auprès de la Cour de Turin. Membre de la Constituante, républicain modéré, il fut blessé en cherchant à haranguer les insurgés de juin 1848.

En décembre 1848, il fut ministre de l’Agriculture pendant quelques jours. Le coup d’État de 1851 qui lui valut un mois de prison marqua la fin de sa carrière politique.

Sous le Second Empire, ami des frères Péreire, il administra de grandes compagnies financières : les crédits fonciers français et italien, les chemins de fer italiens, russes et espagnols, le gaz de Paris et
les paquebots transatlantiques  [6]

Le Journal des Goncourt signale, le samedi 22 novembre 1862, l’inauguration d’un dîner rituel au restaurant Magny : « Gavarni a organisé avec Veyne, le médecin de la Bohème, et Chennevières, nous et Sainte-Beuve, un dîner, deux fois par mois, qui doit s’élargir comme convives. » François Veyne, républicain de trenteneuf ans, était le médecin et l’ami de nombreux écrivains et artistes :
Champfleury, Courbet, Nadar, Murger… Certains disent que, de concert avec Sainte-Beuve, Veyne avait imaginé un dîner pour distraire Gavarni en proie à des crises dépressives depuis la mort de
son fils aîné en 1857  [7]

D’abord fixé au samedi, le dîner Magny passa au lundi en avril 1863. Sans doute parce que les trois critiques qui en faisaient alors partie, Sainte-Beuve, Théophile Gautier et Paul de SaintVictor, devaient, le samedi, travailler sur leurs feuilletons qui paraissaient en début de semaine et que le lundi était leur jour de repos. On dînait « toujours à 6 heures précises » ; on se séparait en revanche à des heures variables, « de dix heures et demie à minuit »  [14]
[14]
Correspondance de Flaubert, t. III, Paris, Gallimard, coll.…. Chacun payait son écot, comme le note George Sand lors de son premier dîner Magny le 12 février 1866 : « On paie dix francs par tête, le dîner est médiocre, on fume beaucoup, on parle en criant à tue-tête et chacun s’en va comme il veut. »  [15]
[15]
Nicole Casanova, Sainte-Beuve, Mercure de France, 1995, p. 412. George Sand fut en effet la seule femme invitée au dîner Magny. Preuve que ses « petits camarades » – elle les appelait ainsi – la considéraient moins comme une femme que comme leur égal, un écrivain à part entière, qui pouvait venir causer « entre hommes ».

CONVERSATIONS
13Bixio ou Magny, les thèmes abordés se ressemblent. La différence vient du talent de récit des convives.
Ils évoquent des souvenirs : Sainte-Beuve, doué d’une « mémoire prodigieuse et raconteuse » (7 octobre 1866), fait le portrait de personnalités qu’il a connues, Mme Récamier (17 janvier 1863) ou le chancelier
Pasquier (11 avril 1864). Ils évoquent le bon temps de leur jeunesse, plein de hauts faits dans tous les domaines.

Au Magny, Sainte-Beuve et Théophile Gautier reviennent sur la bataille d’Hernani (20 juillet 1863) ; Gautier, le même jour, raconte sa « baisade » avec la belle Alice Ozy.

Au Bixio, le général de Galliffet, militaire et homme à femmes, charme l’assistance : « Souvenirs de guerre, histoires d’amour, les belles, les balles, le plaisir, la revanche, il a tout conté, évoqué, et jusqu’à 11 h, nous sommes restés là, écoutant, revoyant l’Empire, la Barrucci, Marguerite Bellanger, Anna Deslions, la duchesse [sic] de Castiglione, belle jadis, si belle, folle aujourd’hui, espionne et courtisane, et le prince de Galles, et Bismarck… » (2 mai 1890). Galliffet n’est nul~lement dans le registre du regret ou de la plainte, il se veut positif. Pas de regret de sa jeunesse, c’est avec humour qu’il déclare à Claretie : « Je ne vais plus voir vos comédiennes. Elles ne me donneraient que des regrets, et je ne suis plus capable de leur donner des remords » (7 mars 1896). Pas de plainte non plus. Plutôt que d’évoquer la défaite de 1870, il pré~fère penser à la revanche possible contre
l’Allemagne : « Si notre stupide presse ne parle pas trop, si l’on ne marchande pas trop l’argent à Freyci~net, dans trois ans l’affaire est faite ! »

Robert Baldick, Les Dîners Magny, Denoël, 1972, p. 23.. Selon les Goncourt, au contraire, c’est Gavarni, repris par un goût pour la société, qui était allé demander à Sainte-Beuve de fonder avec lui un dîner  [8]
[8]
Gavarni, l’homme et l’œuvre, par Edmond et Jules de Goncourt,…. D’ailleurs, au début, ils parlent dans leur Journal non pas du « dîner Magny » mais du « dîner de notre société, baptisée la société Gavarni, chez Magny »  [9]
[Quel qu’en ait été le véritable initiateur, le dîner Magny était conçu comme un lieu de rencontre, de conversation, de parole libre : chacun des participants se proposait de « tirer son épingle du jeu, se faire un petit coin de société où il y ait toutes les tolérances d’opinions et de convic~tions »
 [11]
[11]Edmond et Jules de Goncourt, Journal, ouvr. cité, t. I, p. 907.. Les Goncourt, au retour de la
campagne, notent, le 17 août 1863 : « …nous retombons avec plaisir dans ce

parloir de Magny »  [12]
[12]
Ibid., p. 997.. Et le 4 septembre 1867 : « Magny aura été, en dépit de quelques empêcheurs,un des derniers cénacles de la vraie liberté de penser et de parler. » Cependant, dès le premier dîner, les frères Goncourt eurent le projet de consigner les propos des convives. Sainte-Beuve raconta qu’il avait demandé à M. de Noailles s’il se rappelait le mot de Talleyrand
à Mme de Luxembourg qui avait lancé sa réputation d’homme d’esprit.
Comme M. de Noailles n’en avait pas le souvenir, Sainte-Beuve songeait à interroger la comtesse de Boigne et concluait : « C’est terrible, toutes ces choses qui se perdent d’un temps, les mots,
les conversations ! »  [13]
[13]
Ibid., p. 887. Et Goncourt d’ajouter : « Et moi, je pensais que j’allais écrire pour l’avenir, aussi, ce qu’il me disait là et ce qu’il croyait tomber dans le vide, dans le néant, dans l’oubli, dans une oreille et non dans ce livre. »
Le dîner aurait donc ses chroniqueurs, chroniqueurs d’autant plus redoutables qu’ils ne se donnaient pas comme tels. Une fois publié, leur témoignage prêta à contestation et même gravement lorsque, en 1890, le Journal du siège rapporta des propos de Renan mettant en cause son patriotisme pendant la guerre de 1870.

Convivialité masculine au XIXe siècle : les dîners Bixio et Magny
https://www.cairn.info/revue-romantisme-2007-3-page-49.htm#

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長塚隆二先生の訃報

2020年07月09日 | お知らせ

 

日本のジョルジュ・サンド研究のパイオニアでいらした長塚隆二先生が、2020年7月8日、ご逝去なさいました。悲しみに堪えません。

ご生前のご功績を偲び、心よりご冥福をお祈り申し上げます。

 

C'est avec une profonde tristesse que j'ai appris le décès de Monsieur Ryuji Nagatuska, pionnier de la recherches sur George Sand au Japon, survenu le mercredi 8 juillet dans sa 96ème année. Je tiens à présenter mes plus sincères condoléances à sa soeur et à tous ceux et celles qui le chérissaient. (Les obsèques se dérouleront dans la plus stricte intimité.)

『ジョルジュ・サンド評伝』 (日本語) 単行本 – 1977/5/1

Rescapé de sa mission kamikaze: Des témoins dans l'histoire

Ryuji Nagatsuka, ancien pilote rescapé des "missions d'attaques spéciales", communément appelées kamikaze, témoigne par ce récit vibrant, du destin hors du commun d'un homme mêlé malgré lui aux heures les plus sombres du XXème siècle. Il nous explique ce qui l'a conduit à devenir kamikaze à l'âge de 20 ans, nous décrit l'entraînement des pilotes d'attaques spéciales, et de quelle façon il a miraculeusement échappé à sa mission suicide. Il nous exprime ses sentiments plus d'un demi-siècle après son engagement.
Ryuji Nagatsuka nous délivre par cet enregistrement exceptionnel et unique un témoignage historique et humain.

https://www.amazon.co.jp/Ryuji-Nagatsuka-Rescap%C3%A9-kamikaze-lhistoire/dp/B07DXQQFCM

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研究発表会 「表象の会」

2020年07月05日 | 手帳・覚え書き
 
 
 
「フランス語圏の文学・芸術における女性の表象」研究会(日仏女性研究学会・通称「表象の会」)では、次の通り、Zoom研究会を開催します。
 

2020年第一回「フランス語圏の文学・芸術における女性の表象研究会」


日時:7月11日(土)13:30 ー15:40

場所:Zoom会議室

 

総合司会      :西尾治子 

司会・コメンテーター:吉川佳英子    

 

第一部 13:30−14:30  

1.「19世紀女性向けモード誌におけるバレエ表象 

  ―モード誌La Sylphideを中心に―」       13:30 - 14:00

      丹羽晶子

  (お茶の水女子大学大学院博士後期課程 比較社会文化学専攻 

          表象芸術論領域)

 

2.「殺されたい女」はいない  ーマルグリット・デュラス

  『モデラート・カンタービレ』再読ー     14:00  - 14:30

   新行内美和 (日仏女性研究学会) 

 

第二部 14:40−15:40  

 
参加をご希望の方は、のメールアドレスにお申し込み下さい。
 
 coquelicot_hj2004*yahoo.co.jp
 
  ( *を@に変換下さい。)
 
 
 
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『我が生涯の記』より

2020年07月04日 | 手帳・覚え書き
「芸術家になる! 私はそう望んだのです。 私は、大きかろうと小さかろうと、所有する財産がために私たちを不愉快な心配事に閉じ込めてしまう物質的な牢獄から抜け出しかったのです。
心が狭く野蛮な、わがままで 臆病で田舎じみた考え方の支配下に置かれる状態から自分を遠ざけるために、嘘つきで残酷で自尊心が強く、不信心で愚かな世界の偏見の外側で生きるために。
が、それだけでなく、何よりも自分自身の心の安らぎを得るためにもそこから抜け出したかったのです。」
(George Sand, Histoire de ma vie)
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