Le roman rustique animalier : héritages et métamorphoses / Appel à contributions
28 octobre 2011 Par Audrey Lasserre
Colloque international – 15 et 16 novembre 2012
EAC 4400 « Écritures de la modernité », Université Sorbonne
Nouvelle-Paris 3
Projet ANR « Animots : animaux et animalité dans la littérature de langue française (XXe-XXIe siècles) »
La notion de « roman rustique » paraît aujourd’hui bien désuète et Paul Vernois qui en dressait la typologie dans son Roman rustique de George Sand à Ramuz le regrettait déjà en 1962. Pourtant il s’en tenait lui-même à une définition du genre très étroite : « Peut être qualifié de rustique […] tout roman qui s’inscrit dans le cadre exclusif de la campagne et dont les protagonistes essentiels sont des paysans. Tout au plus peut-on inclure dans l’horizon des champs le petit village et admettre comme personnages épisodiques l’instituteur, le curé et le médecin. » C’était non seulement figer la ruralité dans une réalité historique aujourd’hui dépassée, mais cela justifiait en outre de laisser de côté De Goupil à Margot ou Rroû parce que ces textes parleraient « moins de la campagne que des animaux qui l’habitent »… Aujourd’hui, il nous semble que la parole d’auteurs comme Pergaud ou Genevoix témoigne de ces « communautés hybrides » chères à Dominique Lestel et qu’il conviendrait au contraire d’associer les genres du « roman rustique » et du « roman animalier » afin d’en explorer les richesses.
Dans le cadre du projet « Animots : animaux et animalité dans la littérature de langue française (XXe-XXIe siècles) » soutenu par de l’Agence Nationale de la Recherche, nous voudrions en effet travailler à la reconfiguration du canon littéraire en revenant sur les aspects rustique et animalier d’auteurs classiques (Bosco, Genevoix, Giono, Ramuz…) ou en revalorisant des écrivains réputés « mineurs » dont la production est à recontextualiser (Pergaud, Pourrat, Renard…). Il s’agirait de recadrer l’étude du roman rustique sur les problématiques de la relation entre humains et animaux et donc de remettre en perspective l’héritage des inventeurs et des développeurs du genre au XIXe siècle (George Sand, bien sûr, mais aussi Paul Arène, Ferdinand Fabre, Léon Cladel, voire Balzac et Zola…) grâce aux apports de la réflexion contemporaine sur l’animalité.
Plusieurs points peuvent être développés :
– les motifs « médiocres » de la campagne, lieu intermédiaire entre la cité et la nature, des animaux domestiques, partenaires de labeur et compagnons de tous les jours, et des bêtes des bois et des eaux vives, moins proches mais familières aussi. Dans quelle mesure certains auteurs, que ce soit par leur documentation (en chasse et vénerie, en histoire naturelle) ou par leur goût pour l’observation, ont-ils produit un dialogue entre ce qu’on appellerait aujourd’hui éthologie de terrain et création littéraire ?
– les procédés par lesquels ces auteurs rendent compte de mondes, voire de langages animaux ; les théories qu’ils développent quant à la capacité ou non à l’innovation et à l’évolution d’espèces réputées enfermées dans le mécanisme de l’instinct ; comment parle-t-on des bêtes chez René Bazin, Eugène Le Roy ou Émile Guillaumin ? Ou comment leur parle-t-on, les fait-on parler ou penser chez Pergaud, Renard, Genevoix, Giono ? Qu’en est-il de l’animalité de certains personnages humains ?
– la chasse et la pêche, devenus des parents pauvres de la littérature contemporaine, jouent un rôle majeur dans certaines de ces œuvres qui insistent sur les rapports entre pratique de la chasse et pratique scripturale, les bêtes traquées dessinant sur la « page blanche » du monde un « grimoire » (Genevoix) ou « une histoire », voire « un roman » (Pierre Moinot), que le chasseur/lecteur a pour charge de décrypter s’il veut non seulement atteindre sa proie, mais se rejoindre lui-même….
– la diversité et les métamorphoses du genre et de ses thématiques en ce qui concerne le rapport à l’animal. Observe-t-on une certaine persistance, voire un retour des thèmes des romans rustiques et animaliers dans la littérature française contemporaine ?
Corpus indicatif : Paul Arène, Marcel Aymé, Balzac, René Bazin, Pierre Bergounioux, Henri Bosco, Léon Cladel, Ferdinand Fabre, Maurice Genevoix, Jean Giono, Émile Guillaumin, Pierre Michon, Richard Millet, Eugène Le Roy, Louis Pergaud, Henri Pourrat, Charles-Ferdinand Ramuz, Jules Renard, Jean-Loup Trassard, Émile Zola…
Proposition de communication (un titre + 200-250 mots) à adresser à Alain Romestaing (alain.romestaing@parisdescartes.fr) ou Alain Schaffner (alain.schaffner@univ-paris3.fr).
Date limite : 31 janvier 2012.
28 octobre 2011 Par Audrey Lasserre
Colloque international – 15 et 16 novembre 2012
EAC 4400 « Écritures de la modernité », Université Sorbonne
Nouvelle-Paris 3
Projet ANR « Animots : animaux et animalité dans la littérature de langue française (XXe-XXIe siècles) »
La notion de « roman rustique » paraît aujourd’hui bien désuète et Paul Vernois qui en dressait la typologie dans son Roman rustique de George Sand à Ramuz le regrettait déjà en 1962. Pourtant il s’en tenait lui-même à une définition du genre très étroite : « Peut être qualifié de rustique […] tout roman qui s’inscrit dans le cadre exclusif de la campagne et dont les protagonistes essentiels sont des paysans. Tout au plus peut-on inclure dans l’horizon des champs le petit village et admettre comme personnages épisodiques l’instituteur, le curé et le médecin. » C’était non seulement figer la ruralité dans une réalité historique aujourd’hui dépassée, mais cela justifiait en outre de laisser de côté De Goupil à Margot ou Rroû parce que ces textes parleraient « moins de la campagne que des animaux qui l’habitent »… Aujourd’hui, il nous semble que la parole d’auteurs comme Pergaud ou Genevoix témoigne de ces « communautés hybrides » chères à Dominique Lestel et qu’il conviendrait au contraire d’associer les genres du « roman rustique » et du « roman animalier » afin d’en explorer les richesses.
Dans le cadre du projet « Animots : animaux et animalité dans la littérature de langue française (XXe-XXIe siècles) » soutenu par de l’Agence Nationale de la Recherche, nous voudrions en effet travailler à la reconfiguration du canon littéraire en revenant sur les aspects rustique et animalier d’auteurs classiques (Bosco, Genevoix, Giono, Ramuz…) ou en revalorisant des écrivains réputés « mineurs » dont la production est à recontextualiser (Pergaud, Pourrat, Renard…). Il s’agirait de recadrer l’étude du roman rustique sur les problématiques de la relation entre humains et animaux et donc de remettre en perspective l’héritage des inventeurs et des développeurs du genre au XIXe siècle (George Sand, bien sûr, mais aussi Paul Arène, Ferdinand Fabre, Léon Cladel, voire Balzac et Zola…) grâce aux apports de la réflexion contemporaine sur l’animalité.
Plusieurs points peuvent être développés :
– les motifs « médiocres » de la campagne, lieu intermédiaire entre la cité et la nature, des animaux domestiques, partenaires de labeur et compagnons de tous les jours, et des bêtes des bois et des eaux vives, moins proches mais familières aussi. Dans quelle mesure certains auteurs, que ce soit par leur documentation (en chasse et vénerie, en histoire naturelle) ou par leur goût pour l’observation, ont-ils produit un dialogue entre ce qu’on appellerait aujourd’hui éthologie de terrain et création littéraire ?
– les procédés par lesquels ces auteurs rendent compte de mondes, voire de langages animaux ; les théories qu’ils développent quant à la capacité ou non à l’innovation et à l’évolution d’espèces réputées enfermées dans le mécanisme de l’instinct ; comment parle-t-on des bêtes chez René Bazin, Eugène Le Roy ou Émile Guillaumin ? Ou comment leur parle-t-on, les fait-on parler ou penser chez Pergaud, Renard, Genevoix, Giono ? Qu’en est-il de l’animalité de certains personnages humains ?
– la chasse et la pêche, devenus des parents pauvres de la littérature contemporaine, jouent un rôle majeur dans certaines de ces œuvres qui insistent sur les rapports entre pratique de la chasse et pratique scripturale, les bêtes traquées dessinant sur la « page blanche » du monde un « grimoire » (Genevoix) ou « une histoire », voire « un roman » (Pierre Moinot), que le chasseur/lecteur a pour charge de décrypter s’il veut non seulement atteindre sa proie, mais se rejoindre lui-même….
– la diversité et les métamorphoses du genre et de ses thématiques en ce qui concerne le rapport à l’animal. Observe-t-on une certaine persistance, voire un retour des thèmes des romans rustiques et animaliers dans la littérature française contemporaine ?
Corpus indicatif : Paul Arène, Marcel Aymé, Balzac, René Bazin, Pierre Bergounioux, Henri Bosco, Léon Cladel, Ferdinand Fabre, Maurice Genevoix, Jean Giono, Émile Guillaumin, Pierre Michon, Richard Millet, Eugène Le Roy, Louis Pergaud, Henri Pourrat, Charles-Ferdinand Ramuz, Jules Renard, Jean-Loup Trassard, Émile Zola…
Proposition de communication (un titre + 200-250 mots) à adresser à Alain Romestaing (alain.romestaing@parisdescartes.fr) ou Alain Schaffner (alain.schaffner@univ-paris3.fr).
Date limite : 31 janvier 2012.