Un musée des féminismes ouvrira en 2027 en France
Le premier musée français dédié à l'histoire des féminismes va ouvrir à Angers. Son inauguration devrait avoir lieu en 2027.
ANTOINE GROTTERIA Publié le 09/03/2023 à 17h58 - Mis à jour le 10/03/2023
Pour la première fois, un musée de l'histoire des féminismes va voir le jour en France. La professeure d'histoire contemporaine à l'université de Tours, Julie Verlaine a annoncé à l'AFP mercredi 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes, l'ouverture d'un lieu culturel destiné à retracer l'histoire des mouvements féministes, rapporte TF1Info.
Ce musée sera implanté à Angers, à la place de la bibliothèque universitaire (BU) du campus de Belle-Beille, un quartier situé à l'ouest de la préfecture du Maine-et-Loire. 10 % de la surface actuelle de la BU seront réaménagés pour accueillir le Musée des féminismes.
Un centre truffé de références aux féminismes
Le lieu n'a pas été choisi au hasard. Grâce à la volonté de la professeure d'histoire contemporaine à l'université angevine et historienne de l'histoire des femmes, Christine Bard, les archives du féminisme ont pris place dans la BU ligérienne au début du XXIe siècle. Le fruit d'une histoire particulière, selon Nathalie Clot, la conservatrice et directrice des bibliothèques et archives de l'université d'Angers.
"La France venait de récupérer les archives de Cécile Brunschvicg qui avaient été raflées par les Allemands", a-t-elle expliqué à Slate. "(Elle) était l'une des premières sous-secrétaires d'État, sous le gouvernement Léon Blum. Personne ne trouvait ça très intéressant, mais Christine Bard, elle, a tout de suite vu l'importance de ces documents et elle a initié le Centre des archives du féminisme à la bibliothèque universitaire d'Angers."
Histoire et combat politique
Il aura fallu près de deux décennies pour enfin obtenir un espace entièrement consacré à l'histoire des féminismes. En 2002, la Mairie de Paris avait donné son aval à un musée des femmes. Un projet finalement avorté. Alors, le récent octroie de 10 millions d'euros a été accueilli comme un soulagement. "Nous avions enfin les moyens de faire un vrai espace muséal", s'est réjouie Nathalie Clot.
Si l'intérêt historiographique s'avère capital, l'implantation d'une telle institution recèle aussi un sens politique. Tout remonte à la révocation de l'arrêt Roe v Wade, aux États-Unis, fin juin 2022. Ce ciment juridique autorisant l'avortement a été ébranlé par la décision de la Cour suprême américaine d'invalider ce droit garanti par la Constitution, avait relaté Ouest-France. Selon la secrétaire générale de la Commission nationale des droits de l'homme, Magali Lafourcade, ce choix a marqué "une régression".
Un mois avant l'arrêt de la plus haute institution judicaire américaine, elle avait appelé à la création d'un musée consacré aux conquêtes féministes dans une tribune du journal Le Monde. "L'idée était d'en faire une espèce de standard, via le musée, pour que ce soit difficile de revenir en arrière", a-t-elle indiqué à Slate. Qu'elle se rassure, son vœu va bientôt s'exaucer. En France, le chef de l'État Emmanuel Macron a annoncé le 8 mars vouloir inscrire "dans les prochains mois" l'IVG dans la Constitution, rapporte Le Figaro.
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