"Il ne s'agit pas tant de voyager que de partir"
Un hiver à Majoruqe, George Sand
Nous ne sommes réellement bien nulle part en ces temps-ci, et (...) de toutes les faces que prend l'idéal (...), le voyage est l'une des plus souriantes et des plus trompeuses. Tout va mal dans le monde officiel : ceux qui le nient le sentent aussi profondément et plus amèrement que ceux qui l'affirment. Cependant la divine espérance va toujours son train, poursuivant son oeuvre dans nos pauvres coeurs, et nous soufflant toujours ce sentiment du mieux, cette recherche de l'idéal. L'ordre social, n'ayant pas même les sympathies de ceux qui le défendent, ne satisfait aucun de nous, et chacun va de son côté où il lui plaît. Celui-ci se jette dans l'art, cet autre dans la science, le plus grand nombre s'étourdit comme il peut. Tous, quand nous avons un peu de loisir et d'argent, nous voyageons, ou plutôt nous fuyons, car il ne s'agit pas tant de voyager que de partir, entendez-vous ? Quel est celui de nous qui n'a pas quelque douleur ou quelque joug à secouer ? Aucun.