西尾治子 のブログ Blog Haruko Nishio:ジョルジュ・サンド George Sand

日本G・サンド研究会・仏文学/女性文学/ジェンダー研究
本ブログ記事の無断転載および無断引用をお断りします。
 

第14回女性作家を読む研究会報告

2011年04月20日 | 女性文学・女性
   「第14回女性作家を読む研究会」の報告

日時   2011年3月6日(日)13時から16時半
場所   慶應義塾大学・日吉キャンパス・来往舎会議室
研究発表
-13:00-14:30
「ルイーズ・ド・ヴィルモラン『サント・ユンヌフォワ』を読む ― グラースもしくはルイーズの世界」吉川佳英子
-14:45-16:15
「マルグリット・デュラスの『苦悩』について」佐藤浩子

<発表のレジュメ>
「ルイーズ・ド・ヴィルモラン『サント・ユンヌフォワ』を読む ― グラースもしくはルイーズの世界」

 吉川氏は、サガン、プルースト、コレットと同世代の知られざる女性作家ルイーズ・ド・ヴィルモランを取り上げてその生涯を紹介された後、小説『サント・ユンヌフォワ』を分析し綿密な考察を展開された(テキストは研究会がこれまで継続的に取り上げてきたMartine Reid編纂のガリマールのフォリオ版、2ユーロシリーズ)。ルイーズ・ド・ヴィルモランの生涯において特徴的なことは、マルロー、コクトー、サン=テグジュベリ、オーソン・ウエルズ、ユゴーの甥といった蒼々たる文学者が登場することである。1930年代のコクトーを支えたのはルイーズであった。二十代でマルローと短い関係をもった彼女は、六十代になって彼との関係に自らの生を投じ、政界を離れた67歳のマルローが1969年に心臓発作で他界するまで彼の面倒をみたのであった。ルイーズ・ド・ヴィルモランが描く小説世界は「雅やかで格調高い文体」が漲り、「幻想性に満ちた物語性」に溢れ「諧謔と詩情」をも併せもつ。愛されたいと願いながら真に愛されることも愛すこともできず、苦悩と自嘲の果てに死を選ぶヒロインのノートに「終わり」と記すのは「透明人間」である。『サント・ユンヌフォワ』は男女の複雑な恋愛関係を主要テーマとする作品だが、そこにはリアリズムを消したい作者の強い意志が読み取られる。ヴィルモランは上流階級社会のアンニュイをシュールレアリスム的な詩人の筆捌きで軽妙洒脱に活写する。コクトーやサン=テグジュベリが彼女を敬愛した所以である。吉川氏はまた、ジョルジュ・サンドに共通する流麗な文体とロマン主義的な作風が、作品を特徴づけていることを指摘された。それはサガンの小説の甘美な苦さに通じるものでもあるが、ルイーズ・ド・ヴィルモランが描くのは虚無感というより沈潜した悲しさ、はかなげな感触や死を含む芸術的な要素なのである。
 吉川氏の発表は、全体的に馥郁たる文学の香りが漂い、文体論の視点を踏まえた内容の深いものであった。人柄と美貌、知性と才能に恵まれた女性作家ルイーズ・ド・ヴィルモランの華やかな生涯と創造性に富む作品を鮮やかに蘇らせた氏の発表の後、小説の題名や他の女性作家との比較に関し活発な質疑応答が交わされた。

「マルグリット・デュラスの『苦悩』について」

 佐藤氏の発表は、マルグリット・デュラスの作品『苦悩』(La Douleur,P.O.L, 1985)に焦点を中て、まず、演劇化され日本で公演されたパトリス・シェロー演出の『苦悩』について紹介された後、この作品の生成過程および『戦争ノート』との緊密な関係性について詳述された。デユラスは、戦中戦後に執筆し『戦争ノート』と標題を付した4冊のノートを残したが、『苦悩』の草稿はこの中の「二十世紀のプレスノート」と「百ページノート」に含まれていた。これらの未公開の著作がIMEC(現代文書資料研究所)に委託されていたという未知の事実もまた、本発表により明らかにされた。1945年以降に書き始められた日記形式の『苦悩』は、強制収容所に収容された夫を待つデュラスの懊悩を描いたものであり、帰還した夫の身体的心理的苦しみを内面化する彼女自身の過去が投影された「苦悩」そのものでもあった。
 デュラスが当初『戦争』というタイトルにすることを望んだこの作品には、女性作家の目を通して浮かび上がる戦争と「時代の過酷」が刻印されている。帰還した夫が、数日間というもの、肉を押し絞った肉汁しか口にできない重苦しい現実をデュラスは描く。また、交差する男女の愛、恐怖と狂気の入り交じった三角関係が、デュラス独特の、うっすらと叙情性を湛えている抑制の利いた文体から滲み出てくる。1976年にXavière Gauthier主幹の女性誌『ソルシエール(魔女)』にその一部が匿名で掲載され、その後、1981年に『アウトサイド』に再録された『苦悩』は、1985年、P.O.L社から出版され、遂に日の目を見たのだった。長年のデュラス研究者でおられる佐藤氏は、以上のような作品に纏わる経緯のほか、作家独自の私的体験と作品世界が連動し展開してゆくデュラスの重層的な世界を丹念に分析され、作家の知られざる側面を詳らかにされた。本発表ではIMEC(現代文書資料研究所)の存在やEcole NormaleのITEMを巡る情報交換がなされた他、発表の後は多くの質問が寄せられた。

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研究会の後は「ひよ裏」の感じのよい喫茶店にて歓談会を開き、楽しく和やかなひとときを過ごしました。
                             (西尾治子)

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Les voix off

2011年04月19日 | 授業・講義・その他
http://www.leparisien.fr/loisirs-et-spectacles/les-voix-off-ne-se-cachent-plus-15-04-2011-1408618.php

Les voix off ne se cachent plus

Ils vantent les saveurs d’un café, les mérites d’une marque automobile, les atouts d’une enseigne…Les comédiens qui interprètent les voix publicitaires viennent de se constituer en association pour valoriser leur métier.

Comme la centaine d’artistes-interprètes qui viennent de fonder l’association les Voix ― regroupement de professionnels des spots publicitaires ou des bandes-annonces ―, Marie Vincent est une vraie comédienne. Cinéma, télévision, théâtre… la lauréate d’un Molière du meilleur espoir féminin en 2004, vue dans les Maupassant ou les George Sand sur France 2, était mardi dernier dans le Sud pour tourner un épisode de « Camping Paradis » pour TF1. Mercredi prochain, elle sera au Petit Théâtre Montparnasse… « La pub, c’est bon pour tempérer son ego, estime-t-elle. Cela fait dix ans que je travaille pour Auchan et c’est toujours un exercice d’humilité. »
D’autant moins humiliant aujourd’hui que, dans le contexte économique, plus personne n’a honte de faire du doublage ou une voix off. Le genre a acquis ses lettres de noblesse. « On a tous besoin de bouffer », résume la comédienne, qui touche 534 € pour chaque séance d’enregistrement d’environ deux heures.

« Quand un artiste peu connu faisait de la publicité dans les années 1980, il passait pour un pestiféré manquant de talent, renchérit François Berland, porte-parole de l’association les Voix, lui-même ex-voix off du jeu le Maillon faible, ou de George Clooney. Aujourd’hui, la culture a évolué… L’artiste-interprète qui travaille pour la pub apporte un supplément d’âme. »
D’ailleurs, même une simple voix peut vous rendre célèbre. « Il arrive souvent que des gens me reconnaissent uniquement à l’oreille! » raconte Marie Vincent.

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Sand Flaubert

2011年04月18日 | 授業・講義・その他
Sand et Flaubert : échanges épistolaires entre amis (1/2)
George Sand, Gustave Flaubert, première partie

En 1981, Alphonse Jacobs éditait la correspondance croisée de George Sand et Gustave Flaubert. Grâce à ces lettres nous entrons dans la belle histoire de leur amitié. Les autographes sont à la Bibliothèque de l’Institut de France.

George Sand (Aurore Dupin), (1804-1876) Sommes-nous indiscrets, curieux ou intéressés, lorsque nous ouvrons le courrier d’autrui ? En l’occurence, quant il s’agit de deux figures de la littérature française, les héritiers n’attendent pas longtemps pour publier les moindres papiers privés du défunt ; parent, certes, mais... célèbre. La correspondance entre George Sand et Gustave Flaubert a été ouverte bien avant nous. Curieux, nous le sommes, il ne faut pas le nier. Nous aimons tant savoir comment les autres s’arrangent avec les petits et grands problèmes (...)

http://www.canalacademie.com/ida956-Echanges-epistolaires-entre-amis,956.html
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L'ambassadrice de George Sand

2011年04月17日 | 海外のG.サンド研究
http://www.lanouvellerepublique.fr/indre/ACTUALITE/Infos-Departementales/L-ambassadrice-de-George-Sand

Danielle Bahiaoui est intarissable sur George Sand. Elle évoque bien sûr ses oeuvres, mais aussi sa vie quotidienne, sa famille, ses engagements, avec la même ferveur. Son admiration pour la romancière date de vingt-cinq ans lorsque, professeur de français au lycée de La Châtre, elle s'est vue confier l'animation d'une classe patrimoine : « J'ai lu Indiana qui est un chef-d'oeuvre absolu. Je suis tombée dedans et je n'en suis jamais sortie ». Au point de devenir secrétaire de l'association Les Amis de George Sand.

Cinq cents adhérents

« Si le siège social de la société se trouve au Musée de la Vie romantique de Paris, son siège administratif a été transféré à Montgivray en 2008. La municipalité a tout de suite accepté de nous loger dans l'ancienne chambre de Solange Sand, qui se trouve au deuxième étage de la mairie et, depuis, nos activités ont lieu moitié à Paris, moitié en Berry. »
L'association qui compte cinq cents adhérents, dont de nombreux étrangers, organise chaque année une manifestation dans l'Indre. Après l'inauguration des lieux en 2008, des rassemblements sur les thèmes du compagnonnage et de Chopin, il sera question de Listz, les 7 et 8 mai prochains. La première journée, un concert de piano et des lectures auront lieu à Montgivray ; la seconde sera marquée par une visite du domaine de Nohant et une conférence.

« J'ai plein d'idées pour la suite, dont la mise sur pied de pièces de théâtre et de conférences », confie Danielle Bahiaoui qui voudrait créer un coin lecture dans l'ancienne chambre de Solange, afin d'amener davantage de monde aux permanences de l'association.

« Je souhaite qu'il y ait plus de Berrichons, de gens simples - comme ceux que côtoyait George Sand - qui nous rejoignent en disant '' Je suis là car je l'aime ''. » Et pour eux, l'exemple est tout trouvé.

Contact : tél. 02.54.30.23.85. Courriel : amisdegeorgesand @ wanadoo.fr Site Internet : www. amisdegeorgesand.info/754edb94e93d09d1c3a9fa94d2da7dcc.
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Le sacre du poète

2011年04月16日 | ポエジー 詩 演劇
http://www.sudouest.fr/2011/04/07/le-sacre-du-poete-364873-3703.php

Fumel
Le sacre du poète

Soixante-dix ans après avoir écrit « Poésie des brumes », son premier poème qu'il récite encore de mémoire, Max Pons vient de se voir attribuer, pour l'ensemble de son œuvre, la plus belle récompense qui soit dans son domaine, le Grand Prix de Poésie de la société des gens de lettres. Fondée par Victor Hugo, Alexandre Dumas, Honoré de Balzac et George Sand, cette société a déjà récompensé des très grands noms de la littérature. Depuis que le prix de poésie a été instauré, en 1983, on y trouve des noms tels Bernard Noël, Andrée Chédid, Géo Norge…
Gloire à la laïque

« Au cours complémentaire de Fumel, j'étais très bavard (ce qui n'a pas changé !, NDLR). Si je parlais trop, mes maîtres me gardaient le soir pour que j'apprenne une vingtaine de vers », raconte Max Pons qui s'enflamme pour rendre un vibrant hommage aux instituteurs de « l'âge d'or de la laïque » qui lui ont fait découvrir les trésors de la littérature et « sans lesquels je ne serais pas le peu que je suis ». M. Costes, qui lui fit apprendre « Booz endormi », de Hugo, M. Paris, qui lui fit découvrir le poème sur la neige de Maupassant, ou encore Marcel Nouvel (le père de Jean Nouvel), « qui pleurait en classe en nous disant les grands textes » et qui avait « invité » ses élèves à posséder un carnet d'annotations personnelles, carnet régulièrement corrigé et noté, que le poète conserve précieusement dans ses archives. Dès lors, Max n'a plus cessé de lire et d'écrire comme en témoignent les 14 opus publiés, la plupart aux éditions de la Barbacane, revue littéraire qu'il a créée pour faire connaître ses collègues et amis poètes.

« Vers le silence », le titre du dernier recueil étonnera tous ceux qui connaissent l'ancien guide de Bonaguil ou le supporter de l'USFL au verbe haut, chatoyant et généreux. Et pourtant ! L'écrivain est aussi avare de mots que le conteur est prolixe. En marchant « vers le silence » (« À mon âge, j'y vais », sourit-il), il se fait de plus en plus concis, précis. Et sa langue, resserrée, elliptique, incise les mots, tels les tailleurs de pierre de « sa » forteresse et muse, pour bâtir des tours d'émotion pure, de sensualité et de jouvence.

Max Pons recevra son prix à l'hôtel de Massa, siège de la Société des gens de lettres, à Paris le 24 juin. En attendant, il dédicacera son ouvrage, samedi, à 16 h 30, sous la halle de Montcabrier. Il le présentera ensuite à la Maison de la Presse à Fumel.

Fumel · Lot-et-Garonne






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les dessous

2011年04月15日 | モード ファッション 風習



Les dessous ont une histoire

20:40 Samedi 05 mars sur ARTE

RESUME
Le sous-vêtement est l'expression du pouvoir des femmes dans un monde dominé traditionnellement par des hommes ; l'émancipation féminine s'inscrit dans le dessous, dans l'invisible. L'expression «porter la culotte», par exemple, s'explique par le fait qu'il s'agissait au Moyen Âge d'un attribut uniquement masculin. À l'homme la culotte, les responsabilités, les décisions. Au XVIe siècle, Catherine de Médicis a bien imposé le caleçon aux dames de sa cour, mais ce n'est qu'après une lutte de plusieurs siècles et l'arrivée de fortes têtes comme George Sand et Colette que les femmes ont véritablement porté la culotte. Puis le pantalon, car il s'agit bien du même combat
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Exposition George Sand

2011年04月15日 | 授業・講義・その他


シャモニー近くの Les Houches という町の図書館で、ジョルジュ・サンド展覧会が開催されるそうです。

期間は5月1日から6月11日。
入場料はフリー。
月、火、金が午後三時半~六時半。
水が午前10時から12時および午後三時から六時の開館。
木曜日と日曜日は閉館とのことです。


En 2004, le bicentenaire de sa naissance a permis de célébrer cette femme écrivain et visionnaire ; en 2011 la bibliothèque des Houches lui rend hommage.
Du 01/05 au 30/06/11 Pendant les ouvertures de la bibliothèque Lundi, mardi et vendredi de 15h30 à 18h30 Mercredi de 10h à 12h et de 15h à 18h Samedi de 10h à 12h Fermeture jeudi et dimanche
Localisation :
Bibliothèque
74310 Les Houches

Contact :
Téléphone : 04 50 54 39 83

Tarifs : Gratuit

http://www.id2sorties.com/sorties/893344_exposition-georges-sand.aspx
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日仏女性研究学会からのお知らせ

2011年04月14日 | 女性文学・女性


第29回定期総会の開催について

3月11日に起きました大震災の翌日に予定していた定期総会をつぎのように開催します。

4月16日(土)13:30から14:30まで東京恵比寿・日仏会館501号室

なお、総会後の運営委員会におきまして、11日午後開催予定だった映画会などの行事を含め、今年度事業開催について再検討する予定にしています。

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Consternees

2011年04月13日 | 授業・講義・その他
php

Judith Butler, Michael Harris, Natalie Zemon Davies, Joan Wallach Scott, Noam Chomsky, Avi Schlaim, Paola Bacchetta, Rashid Khalidi, Terence Cave, Peter Sahlins et de nombreux autres universitaires se disent "consternés" par les événements qui ont récemment eu lieu au sein de l'École Normale Supérieure. La pétition signée par près de 160 chercheurs a été évoquée, lundi 21 mars, par le site du Guardian ainsi que par un blog herbergé par Le Monde (Normale Sup: le gratin de la recherche mondiale “consterné” par Monique Canto-Sperber). Lire aussi le communiqué "Réfléchissez, vous vous indignerez !", qui répond à la décision du Conseil d'État d'annuler l'ordonnance du Tribunal Administratif qui sommait la Direction de l'Ecole Normale Supérieure de reconsidérer sa décision d'interdire un cycle de conférences. Sur la situation à l'ENS, lire également "Les non-titulaires de l'ENS durcissent le ton".

http://www.fabula.org/actualites/normale-sup-le-gratin-de-la-recherche-mondiale-consterne-par-monique-canto-sperber-_43667.
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Atelier de theorie litteraire

2011年04月12日 | 文学一般 海外
Atelier de théorie littéraire : La litterature n'est pas une entreprise nationale

C.N.R.S. Auteur de Misère de la Littérature, terreur de l'histoire. Céline et la littérature contemporaine, Paris: Gallimard, coll. "NRf-Essais", 2005.

Ce texte a d'abord paru dans le quotidien Libération; il est ici reproduit avec l'aimable autorisation de la rédaction, et de l'auteur

Vendredi 21 janvier 2011, à la demande notamment de l'avocat Serge Klarsfeld, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, annonçait le retrait de Céline du «recueil des célébrations nationales» pour l'année 2011.

La littérature n'est pas une entreprise nationale

On ne peut que comprendre la position de Serge Klarsfeld. Dès lors, en effet, qu'elle avait pour origine une initiative d'Etat, la «célébration» nationale de Céline (1894-1961) ne pouvait être reçue que comme un blanc-seing ou une consécration accordée par la République à celui qui fut aussi l'un des plus influents auteurs antisémites du siècle passé en France. Les choses, sans doute, se présenteraient autrement si, au lieu de célébrer l'homme, on avait pensé à célébrer une œuvre, par exemple Voyage au bout de la nuit (1932). On voit bien, cependant, que les termes du débat ont, ensuite, été mal posés. La célébration, malgré l'objection de l'antisémitisme, peut-elle avoir lieu parce que, au nom du présupposé de l'autonomie de la littérature, on devrait pouvoir séparer l'œuvre et l'homme? En réalité, il est difficile de tenir les pamphlets antisémites de Céline à distance de son œuvre: ils en font partie. Ils l'éclairent également, notamment par la conception nationaliste de la langue qu'on y lit. N'est un grand écrivain français, écrit en substance Céline, que celui dont la langue, pure de toute influence étrangère, réveille «notre sens émotif spontané», «notre lyrisme aryen» (Bagatelles pour un massacre, 1937).

Le problème est, peut-être, celui des célébrations nationales. Il est qu'il existe une liste d'auteurs que l'Etat, année après année, met à jour, propose de célébrer et de commémorer. Au pays du Panthéon, la polémique récente attire ainsi l'attention sur les ambiguïtés de la politique du patrimoine appliquée à la littérature. Cette politique respecte le présupposé d'autonomie de la littérature mais elle transforme également celle-ci en une entreprise nationale. A ce titre, la patrimonialisation a, pour conséquence, de faire désormais parler de la littérature essentiellement à l'occasion de centenaires et de bicentenaires, d'anniversaires de naissance et de décès.

Ceux que choque le retrait du nom de Céline de la liste des célébrations nationales demandent-ils à l'Etat un imprimatur et une approbation de la littérature? Dans la confusion des fausses querelles d'aujourd'hui, peut-être vaut-il la peine de rappeler deux évidences. D'une part, Céline n'est ni Proust, ni Sartre ni Malraux, et l'on doit bien tenir compte de cette spécificité. D'autre part, la littérature n'est pas nécessairement l'affaire de l'Etat et il n'est pas très sûr, non plus, qu'elle soit une propriété de la nation. Que la littérature ait été une expression de la nation, cela a été vrai au dix-neuvième siècle et, peut-être, encore à l'époque où Antonio Gramsci (1891-1937), le dirigeant marxiste italien emprisonné par Mussolini, forgeait le concept de «littérature nationale et populaire», à partir de sa lecture des feuilletons et d'Alexandre Dumas. Mais Gide, contre l'enracinement de Barrès, doutait déjà que la littérature soit forcément nationale. Les expériences littéraires des premières décennies du vingtième siècle devaient, ensuite, administrer la preuve que la littérature était autre chose que l'association d'une langue et d'un territoire reçu et hérité. Les œuvres de Joyce, de Kafka ou de Beckett ont enregistré la fin de cette coïncidence de l'art et du territoire.

La polémique autour de la célébration de Céline demande à être replacée dans une histoire longue. Au sortir de chacune des deux guerres mondiales, les meilleurs représentants des milieux littéraires ont estimé qu'il était urgent de rendre à la littérature son indépendance et sa liberté, en tournant la page des embrigadements du temps de guerre.

En 1919, dans la Nouvelle Revue Française, reparaissant après quatre années de silence, le secrétaire de la revue, Jacques Rivière, appelait à une démobilisation générale de la littérature et de l'esprit, contre Charles Maurras qui entendait continuer de les soumettre à l'intérêt national. Rivière écrivait: «Ou bien l'intelligence française doit être mise au service des intérêts français; et alors ce n'est plus elle qu'on défend. (…) Ou bien l'intelligence française est ce qui mérite avant tout d'être protégé, préservé, dégagé (…) et, alors, nous devons (…) éviter de le mettre en gage, de le louer à qui que ce soit, fût-ce à notre patrie». L'embrigadement de la littérature au service de la guerre devait trouver dans les surréalistes d'abord puis, ensuite, en 1932, dans l'auteur du Voyage au bout de la nuit, ses plus féroces dénonciateurs. Pensant à Barrès, Céline s'en prenait à la «poésie héroïque» qui avait embelli la misère du front et des combats. De ce mensonge d'une littérature officielle abimée dans la propagande, il concluait à la nécessité d'inventer une autre langue, celle de l'argot.

En novembre 1945, dans «La nationalisation de la littérature», un article publié dans les Temps Modernes, Jean-Paul Sartre constatait que les pouvoirs officiels avaient tendance à considérer les écrivains comme des «biens nationaux», à transformer chaque écrit en «une cérémonie officielle» et à faire de la littérature «un instrument de propagande». Ceux qui n'y voyaient jusque-là que passe-temps d'oisifs ne cessaient de «souhaiter dans leur cœur que la France redevienne le pays de Turenne et de Bonaparte, mais pour assurer l'intérim, ils se rabattent sur Rimbaud ou Valéry. La littérature devient à leur yeux une activité de remplacement».

L'inflation patrimoniale appliquée à la littérature dit l'obsession de l'héritage littéraire, l'attention rétrospective portée aux grands écrivains, notamment ceux qui ont été canonisés dans les années 1960 (tel est le cas de Céline), l'attachement au passé littéraire proche, aux dépens de la nouveauté du contemporain et de la situation des écrivains dans le présent. Il est possible de célébrer Voyage au bout de la nuit, une œuvre. Mais il faut réfléchir à deux fois avant de confier la littérature à la seule logique de la politique du patrimoine, qui conjoint célébration littéraire et officialisation nationale. Etant donné la nature de son œuvre et de sa trajectoire politique, le cas de Céline révèle les limites de l'entreprise.

Philippe Roussin


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