Anthony Glinoer & Vincent Laisney,
"L’Âge des cénacles.Confraternités littéraires et artistiques au XIXe siècle"
Paris : Fayard, 2013, 714 p., EAN 9782213672076.
SYLVIE DUCAS
L’archéologie du cénacle
Tels des archéologues fouillant les vestiges d’une époque révolue, Anthony Glinoer et Vincent Laisney font parler l’archive cénaculaire.Or, que nous dit le cénacle que la doxa n’aurait pas retenu ni compris ?
2La thèse défendue par les auteurs est simple : le cénacle, injustement négligé par les historiens, point aveugle des études littéraires, souvent confondu avec d’autres formes de sociabilité concurrentes (salons, cafés, académies), est « la structure de sociabilité de référence des écrivains et des artistes, à l’heure de former un mouvement esthétique » (p. 11). Coincé entre le salon mondain et l’avant-garde, le cénacle s’invente en un xixe siècle où l’écrivain, dans les coulisses de son sacre de légende, peine à réussir et mise sur l’esprit de corps pour y parvenir.
3Mais qu’est-ce qu’un cénacle ? Un groupe homogène, une famille d’esprit et un esprit de famille, si être de la famille, c’est partager des liens d’amitié, une foi inébranlable en l’Art, faire partie des fidèles d’une figure charismatique qui bien souvent les parraine. Le cénacle tient de la secte, il est cet avatar laïque de la Cène biblique où il puise son étymologie : le Testament d’un Edmond de Goncourt, notamment, le cénaclier du Grenier d’Auteuil, s’en fait le théâtre fantasmé, théâtre des rêves ou des illusions de reconnaissance, puisqu’il est bien question de tout cela dans ce livre passionnant qu’on lit comme un roman. De fait, le cénacle est un espace de médiation, un réseau littéraire de premier plan dont les auteurs de l’ouvrage restituent toute l’importance, aidant ainsi à mieux comprendre cet étrange mystère qu’est le passage réussi à la postérité.
"L’Âge des cénacles.Confraternités littéraires et artistiques au XIXe siècle"
Paris : Fayard, 2013, 714 p., EAN 9782213672076.
SYLVIE DUCAS
L’archéologie du cénacle
Tels des archéologues fouillant les vestiges d’une époque révolue, Anthony Glinoer et Vincent Laisney font parler l’archive cénaculaire.Or, que nous dit le cénacle que la doxa n’aurait pas retenu ni compris ?
2La thèse défendue par les auteurs est simple : le cénacle, injustement négligé par les historiens, point aveugle des études littéraires, souvent confondu avec d’autres formes de sociabilité concurrentes (salons, cafés, académies), est « la structure de sociabilité de référence des écrivains et des artistes, à l’heure de former un mouvement esthétique » (p. 11). Coincé entre le salon mondain et l’avant-garde, le cénacle s’invente en un xixe siècle où l’écrivain, dans les coulisses de son sacre de légende, peine à réussir et mise sur l’esprit de corps pour y parvenir.
3Mais qu’est-ce qu’un cénacle ? Un groupe homogène, une famille d’esprit et un esprit de famille, si être de la famille, c’est partager des liens d’amitié, une foi inébranlable en l’Art, faire partie des fidèles d’une figure charismatique qui bien souvent les parraine. Le cénacle tient de la secte, il est cet avatar laïque de la Cène biblique où il puise son étymologie : le Testament d’un Edmond de Goncourt, notamment, le cénaclier du Grenier d’Auteuil, s’en fait le théâtre fantasmé, théâtre des rêves ou des illusions de reconnaissance, puisqu’il est bien question de tout cela dans ce livre passionnant qu’on lit comme un roman. De fait, le cénacle est un espace de médiation, un réseau littéraire de premier plan dont les auteurs de l’ouvrage restituent toute l’importance, aidant ainsi à mieux comprendre cet étrange mystère qu’est le passage réussi à la postérité.