There are some articles about me at Epinal and Colmar.
They are written in French.
Please see them.
A la demande de l’association, Vosges Alternatives au nucléaire, le journaliste Toshiya Morita est venu hier parler de l’après catastrophe nucléaire de Fuskushima-Daiichi. 6 ans après, les habitants sont toujours pris au piège de la contamination, mais il n’y a presque plus d’aide et le monde oublie l’onde de choc.
6 ans après la catastrophe, le désastre industriel, économique, humain et sanitaire est loin d’être sous contrôle ! « Le gouvernement ment, affirme Toshiya Morita, un journaliste militant, mais les gens qui lui faisaient confiance jusqu’à la catastrophe ou même juste après, l’ont bien compris. »
Rien n’est sous contrôle
Il lui faut dire que tout est maîtrisé pour éviter la panique au Japon et le rejet des autres pays, d’autant plus que les Jeux Olympiques vont avoir lieu à Tokyo dans 2 ans et certaines des installations ne pourraient être située qu’à 60km de la zone irradiée d’après le journaliste … mais les gens se rendent compte que rien n’est sous contrôle …
7000 personnes travaillent toujours à la décontamination
Les Japonais se battent toujours contre la contamination radioactive. La radioactivité bloque le démantèlement et la reconstruction économique du secteur Nord Est. Les coûts pour décontaminer sont évalués à plus de 170 milliards d’€. 7000 personnes travaillent toujours à la décontamination. Il n’y a souvent pas d’autres solutions que de gratter la couche de terre supérieure des zones contaminées sur 5 cm pour les mettre dans des sacs plastiques sur des zones aérées, sans qu’on sache vraiment quoi faire de ces dépôts.
Les robots ne résistent pas à la concentration radioactive
Sur les réacteurs 1,2,3, les coeurs ont fondu pour former du corium, un magma extrêmement radioactif et il n’est toujours pas possible de les approcher. Les robots enregistrent des taux de radioactivité de 530 siverts/h. Une personne exposée à ces taux mourrait presque instantanément. Ne pouvant pas approcher, puisque même les robots sont hors circuit au bout de quelques heures (câbles électriques détruits), il n’y a pas moyens de savoir où ces magmas de combustibles fondus se sont répandus. Ils ont été pour l’instant confinés.
Au moins 40 ans pour le démantèlement, sûrement beaucoup plus
« Le recours à la robotique est toutefois indispensable pour tenter de déterminer la méthode d’extraction du combustible fondu, qui devrait démarrer au mieux en 2021, dix ans après la catastrophe« , d’après , Naohiro Masuda, responsable du démantèlement de Fukushima chez Tepco.
Des pestiférés …
Les allocations aux populations déplacées sont arrêtées depuis mars 2017, parce qu’on estime que 6 ans est suffisant pour se réorganiser ailleurs. Plus de 160 000 personnes avaient été déplacées et celles qui n’ont pas de moyens suffisants, sont contraintes de retourner dans la zone où elles ont tout laissé. Des camps ont été établis. Ces personnes sont devenus des réfugiés. 10% sont revenus sur leurs terres, ce sont surtout des personnes âgées, qui n’ont souvent pas d’autres solutions. Il faut savoir que la famille et les amis ne veulent souvent plus les héberger, les aider ou même les cotoyer. Elles sont devenues des parias du fait du risque de leur contamination.
Retour sur les zones contaminées
Pour éviter cette exclusion, les gens ne parlent plus. Ils ne disent plus qu’ils peuvent être malades, qu’ils ont tout perdu. Ils cachent le plus longtemps possible les répercussions que la catastrophe pourraient avoir sur eux, juste pour avoir droit à un avenir, pouvoir travailler et avoir une vie familiale et sociale. 70% des territoires contaminés et interdits sont déclarés « habitables ». Les collectifs s’organisent. Plus de 100 associations citoyennes aident les habitants à mesurer la radioactivité, traiter les plus vulnérables par la prise de pectine de pomme et organiser des opérations de décontamination.
Toujours pas habitable d’après Greenpeace
Greenpeace, dans son rapport « No return to normal » (« Pas de retour à la normale »), s’appuyant sur des mesures réalisées sur le terrain, affirme que la zone évacuée n’est toujours pas habitable du point de vue sanitaire. Mais quand on n’a plus les moyens de se payer quoi que ce soit, on va chercher dans la forêt des champignons contaminés ou on fait pousser des légumes dans une terre gorgée de matière radioactive ! Ce fut aussi le cas à Tchernobyl, quand les aides se sont arrêtées, l’année des 30 ans de la catastrophe, le taux de cesium 137 dans les organismes a fait un bond, parce que les gens n’ont plus d’autre choix que de manger de la nourriture contaminée.
« Évacuez tout de suite ! »
La dose limite d’exposition est normalement d’un millisievert par an. Au delà de 10mSv par an, il fait mettre les populations à l’abri, au delà de 50mSv par an, il faut évacuer. Mais pour les travailleurs du nucléaire, le taux est de 20mSv/an. Toshiya Morita insiste : « Si une catastrophe nucléaire se produit, il n’y a qu’une solution, évacuer et ne surtout pas écouter le gouvernement quand il vous dit que tout est sous contrôle !« . Les Japonais ont fait confiance aux autorités et beaucoup sont restés exposés trop longtemps avant de partir.
168 fois plus de Césium 137
Le traumatisme reste indélébile. C’est ce dont veut aussi témoigner le journaliste qui est un ressortissant de 2e génération des survivants des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki. Son père était un survivant mais il ne l’a appris qu’adolescent. Mais il faisait partie de ces « hibakusha » et il est mort à 59 ans d’une maladie neurologique, 35 ans après le bombardement. Selon le quotidien Tokyo Shimbun, il y aurait après Fukushima, 168 fois plus césium-137 dans l’atmosphère que lors de l’explosion de la 1ère bombe atomique à Hiroshima en 1945.
Impact sanitaire considérable
Il est trop tôt pour évaluer de manière chiffrée les conséquences sanitaires de l’irradiation. Une étude fait état de plus de 135 jeunes de moins de 18 ans ayant développé un cancer de la thyroïde (août 2014). 2 ONG « Physicians for social responsability » (PSR) et « International Physicians for the Prevention of Nuclear War » (IPPN) estiment que la catastrophe pourrait être responsable de 9 600 à 66 000 cas de cancers supplémentaires au Japon (mars 2016).
Tellement fatigués …
Les habitants, eux, observent une augmentation des maladies respiratoires, des insuffisances cardiaques, des maladies neurologiques et des problèmes de peau. Les malaises sont tellement nombreux qu’on a vu fleurir affichettes pour dire que si vous vous sentez mal, il faut descendre à l’arrêt suivant. Les habitants se disent tellement fatigués, qu’ils ne veulent plus se soigner. Ils n’en ont souvent plus les moyens et ne pensent plus non plus que ce soit efficace.
Des mutations héréditaires
Après l’explosion, les équipes ont dû arroser les cœurs des réacteurs et les piscines de combustible, mais l’eau se retrouve chargée d’éléments radioactifs. Elle a été stockée dans des réservoirs sur place mais ils ont été endommagés dans l’explosion et y a eu les nombreuses fuites radioactives. L’océan a été pollué et le césium s’est répandu dans le monde par l’intermédiaire du pacifique. Des études scientifiques ont montré des mutations sur les papillons bleus et les oiseaux. Les expositions à la radioactivité peuvent altérer directement l’ADN des gènes et entraîner la mort ou provoquer des anomalies héréditaires qui ne s’exprimeront souvent qu’après plusieurs générations.
Plus grande pollution radioactive marine
La contamination de l’environnement marin suite à la catastrophe est considérée comme étant la plus grande pollution radioactive marine de l’histoire ! La concentration en cesium des thons auraient été multipliée par 10 par rapport aux relevés d’avant Fukushima. Même si les autorités tentent de relancer l’économie, dont la force était liée à l’agriculture et à la pêche, les produits sont boycottés. Les consommateurs se méfient. Le ministère japonais des sciences estime ainsi que ce sont plus 30 000 km² qui doivent être considérées comme contaminés soit plus de 8% de l’archipel.
Le peuple ne veut plus du nucléaire
Malgré tout, la catastrophe ne semble pas avoir servi de leçon. Avec le temps, le choc s’estompe et la population se retrouve seule confrontée à ce désastre. Par contre, le peuple se lève massivement contre la réouverture des réacteurs. 3 sont de nouveau en activité (2 de Sendai et un d’Ikata) mais le peuple japonais, dont la culture n’est pas à la rébellion ouverte, a manifesté en juillet 2012 (170 000 personnes le 16 juillet et une chaîne de 10000 personnes le 29 juillet).
***
ÉPINAL RADIOACTIVITÉToshiya Morita, un Japonais en colère
Le journaliste japonais Toshiya Morita était à Epinal ce mardi à l’invitation de l’association Vosges alternatives au nucléaire. C’est un homme en colère qui parle six ans après la catastrophe de Fukushima. « Ne faites surtout pas confiance au gouvernement japonais ». Toshiya Morita, journaliste japonais était à Epinal ce mardi soir à la faculté de droit dans le cadre d’une conférence donnée sur le 6e anniversaire de la catastrophe de Fukushima au Japon. C’est un homme révolté qui a parlé à l’invitation de l’association « Vosges alternatives au nucléaire ». Le fait que le Japon ait décroché l’organisation des JO d’été en 2020, ça le « dégoûte » tout simplement.
Toshiya Morita a décrit un pays où la fracture est devenue profonde entre l’opinion publique et le pouvoir. Il dénonce un système électoral pas assez démocratique. « Dans le métro à Tokyo, de plus en plus de gens ont des malaises. Il y a même des panneaux qui mettent les voyageurs en garde et qui leur demandent de sortir dès la prochaine station en cas de malaise ». Le journaliste, dont le père est mort à 59 ans des suites de la bombe d’Hiroshima décrit une population fatiguée et dénonce le mensonge d’État soutenu en plus par une partie des scientifiques et du corps médical. « Ils disent que le Japon est sûr, regrette-t-il. « Mais n’allez pas à Tokyo ». Alors que le césium 137 met plusieurs centaines d’années à disparaître, Toshiya Morita dénonce la fin des aides aux populations déplacées. « De plus en plus de personnes retournent vivre dans les environs de Fukushima, car les allocations ont été coupées », souligne-t-il. Le journaliste décrit un pays où les normes de sécurité ont été augmentées. En France, la dose maximale de radiation admissible a été fixée à 1 millisievert par an. Au Japon elle est de vingt. Des chiffres qui laissent songeurs.
***
Fukushima et le nucléaire en question ce soir à Epinal
Publié le Mardi 7 Novembre 2017