18世紀末からフランス社会の日常生活のなかで日記がどのような役割を果たすようになったのか。それを垣間見るために、先日言及した Marc-Antoine Jullien の日記論を Philippe Lejeune & Catherine Bogaert, Le journal intime. Histoire et anthologie, Textuel, 2006 から引用する。
À partir de la fin du XVIIIe siècle, le journal apparaît comme un moyen d’éducation, moral, mais aussi pratique. En observant avec précision l’emploi de son temps au cours de la journée, on peut l’utiliser mieux, corriger des excès, rétablir des équilibres. C’était l’idée de Marc-Antoine Jullien (1775-1848), homme d’action (dès l’âge de dix-sept ans, il se met au service de la Révolution) et de pensée (il est l’auteur de traité d’éducation, inspirés en partie de Pestalozzi). Son œuvre clé, Essai sur l’emploi du temps (1810), expose une méthode de surveillance dont on peut penser qu’elle est l’équivalent, pour le temps, de ce qu’est pour l’espace la méthode proposée en 1790 par l’Anglais Bentham (son « panoptique », projet d’architecture nouvelle pour les prisons, où, d’un point central, on peut voir tout ce qui se passe). Il propose d’appliquer à la vie individuelle les trois méthodes qui ont fait le succès de la civilisation moderne : la méthode religieuse et philosophique de l’examen de conscience et de conduite ; la méthode militaire d’inspection ; et la méthode commerciale de tenue des livres en partie double. Il a publié à cet effet des séries de livres qu’il suffisait de remplir en suivant les indications. Son plan d’éducation est destiné d’abord aux jeunes garçons (de quinze à vingt-cinq ans) des classes supérieures. A-t-il été appliqué à grande échelle ? C’est difficile à dire, mais il indique une tendance. Et l’œuvre d’importants diaristes comme Maine de Biran (1766-1824) et Amiel (1821-1861) porte trace de son influence. (p. 92)